La cheminée des Usines Nouvelles est menacée

Les Usines Nouvelles lancent une grande contribution pour sauver leur cheminée. Le site accueille un espace de coworking, un fab lab, des ateliers de travail, des espaces de création et ne cesse de grandir.

En contrebas de la commune de Ligugé, dans les bras du Clain, les bâtiments de l’ancienne filature connaissent une seconde vie. Avec la Manufacture de Châtellerault, l’usine a fait partie des fleurons industriels de la Vienne. Aux belles heures, jusqu’à 400 personnes ont travaillé sur place, fabriquant du linge, des tissus, du fil, des cordes et de la ficelle. En 1982, le site est abandonné. Ouvert aux quatre vents, peu à peu il se dégrade, visité pas les squatteurs, les pilleurs, envahi par la végétation. Au vu de son état inquiétant, la collectivité envisage l’expropriation des propriétaires angoumoisins pour une démolition. Face à ce projet, Cyril Chessé, Christine Graval, Franck Courtiaux et Denis Meunier décident de sauver cette usine. « Pour nous, c’est un site magnifique, avec un potentiel incroyable et idéalement situé », explique Denis Meunier. Pendant deux ans, ils s’emploient à convaincre les collectivités, l’administration et les propriétaire de la viabilité de leur projet.

Un sauvetage inextrémiste

Après des démarches intensives, leurs efforts payent et ils acquièrent le site début 2011. « Nous avons mis près de deux ans à reprendre la main sur les bâtiments. C’était une déchetterie à ciel ouvert. Nous sommes paré au plus pressés sur certains murs. » Des chantiers participatifs ont été entrepris pour enlever la végétation. « Nous sommes tous issus du monde associatif, nous sommes habitués à mener des projets. Nous avons fait le constat que pour lancer son activité, il n’était pas toujours facile de trouver un local adapté. »

Un lieu de création

Pour répondre à ce besoin, fin 2013, le collectif des quatre propriétaires s’engagent dans la création d’un tiers lieu : les Usines Nouvelles. « C’est un espace d’expérimentation, de travail, idéal pour créer, concevoir, produire, échanger. C’est un site décloisonné où se mélangent les secteurs d’activité (nouvelles technologie, artisanat d’art, culture, économie sociale et solidaire, développement durable …), les amateurs et les professionnels, les structures (association, indépendant, EURL, coopérative, SARL …). Ce décloisonnement participe à la création de synergies entre les acteurs. » Le site est géré par l’association Y128 qui développe l’activité, les projets, impulse une dynamique. Des ateliers sont créés, un fab lab voit le jour, un espace de coworking est mis en place, le site accueille aussi des jardins familiaux. « L’association joue comme un aimant à porteurs de projet », note Denis Meunier. 15 structures résident à l’année dans l’usine, 20 personnes y travaillent. Aujourd’hui, tous les locaux sont pleins, d’autres espaces vont être rénovés. Cela passe par de l’auto-construction, la récupération de matériaux. « La demande est là. L’objectif courant 2016 est de remettre en état un nouveau bâtiment et d’y implanter un fab lab plus grand, une salle polyvalente, un espace de vie, des ateliers, un skatepark. La place centrale, sous la cheminée est également un endroit intéressant, propice à la rencontre et à la création, mais actuellement inutilisable, la cheminée étant fragilisée. Elle montre des signes inquiétants de faiblesse. »

Sauvegarder un patrimoine commun

Pour la sauver, des travaux de cerclage en hauteur sont nécessaires, ainsi que l’injection de mortier. Reste un problème : le coût de l’opération. Une partie des fonds a déjà été rassemblée grâce à des financements de la Drac (la direction régionales des affaires culturelles), la fondation Sorégies Patrimoine, le Crédit Agricole, ainsi qu’une part d’auto-financement. 8 000 euros sont encore à trouver. Une souscription publique a donc été lancée, soutenue par la Fondation du patrimoine. Les travaux doivent être réalisés avant le printemps 2016. « Nous tiendront les gens informés de l’avancement du projet. Ils seront invité à l’inauguration, pourront bénéficier de visites commentées, d’une dégustation de produits. Cette restauration est une nécessité pour pouvoir continuer. C’est un espace de vie en devenir, un carrefour dans ce brassage de projets. Une fois la cheminée sécurisée, elle pourra servir de support pour des créations artistiques et culturelles. »

Cette cheminée est un symbole. Le site étant classé monument historique, la cheminée est protégée. L’usine datant de 1870, la cheminée a sans doute été construite à la fin du XIXe siècle. « C’est une des rares cheminées de la Vienne encore debout. Au fur et à mesure, ce patrimoine disparaît. C’est pourtant un marqueur de notre paysage. Il faut en prendre soin. »

M. W.

Pour soutenir le projet : www.fondation-patrimoine.org/32701 et plus de détails sur le site des Usines Nouvelles.