En recréant toutes les conditions d’une vraie chirurgie et notamment par le biais de la circulation sanguine, de la respiration, les chirurgiens pourront se former aux nouvelles techniques d’opération.
La recommandation « Plus jamais de première fois sur un patient » implique de repenser la formation des chirurgiens. A Poitiers, le laboratoire d’anatomie de l’université s’est penché sur la question. « L’objectif est alors de recréer un bloc opératoire le plus réaliste possible, mais sans patient », explique Cyril Brèque, chercheur et porteur du projet Sim Life. Tout commence par un besoin. L’école francophone du prélèvement multi-organe cherchait un moyen de mieux former ses chirurgiens à prélever. L’un des points cruciaux est de recréer la circulation sanguine (mais sans battement de cœur) et la respiration sur un corps (dont le mouvement de la cage thoracique). Sim Life doit permettre à des cardiologues de venir tester leur technique pour poser une valve cardiaque par exemple. Ou encore à des chirurgiens de l’obésité de s’améliorer sur de nouvelles techniques. La machine est toujours en développement aujourd’hui et des premiers retours doivent permettre de la modifier, d’arriver au bon modèle d’apprentissage. Toute une intelligence de programmation a été pensée, c’est cet ensemble machine et système d’exploitation qui fait la plue-value.
Créer un pôle de formation
Le système a été développé sur les fonds propres des laboratoires et breveté en novembre 2015. Il est aujourd’hui la propriété de l’université de Poitiers, du CHU, du CNRS et de l’Inserm. Six inventeurs ont été reconnus. « Nous nous sommes posé la question de la suite. Le brevet doit nous permettre de commercialiser l’ensemble, de diffuser notre machine, tout en continuant les développements. » La société est en cours de constitution. Les aspects éthiques, juridiques, financiers sont passés en revue, pour une création effective en janvier 2017 normalement. « Poitiers doit devenir un centre de pointe dans la simulation chirurgicale. Pour cela, nous rencontrons aussi tous nos partenaires (l’agence régionale de santé le CHU, la Région …). » La R&D serait réalisée à l’université, pendant que la start up se chargerait de la commercialisation. « Il faut savoir s’entourer dans cette phase de création de la structure. » L’idée est d’arriver à constituer un pôle de formation, un réseau, Re-force. « L’objet est de proposer aux chirurgiens des outils pour mieux les former, former les nouveaux arrivants. Aujourd’hui, il n’y a pas d’équivalent à notre produit. »
Un premier prototype
Le premier démonstrateur a été réalisé avec des éléments de récupération, « avec les moyens du bord ». Aujourd’hui, le premier véritable prototype est en cours de réalisation. « Il sera plus petit, plus fonctionnel, plus simple. » Tout le travail consiste à sélectionner chaque composant, à contacter et choisir les constructeurs. Des formations ont déjà commencées. Sur quatre jours, une cinquantaine de chirurgiens de toute la France vont se former aux gestes. « C’est aussi pour eux mieux appréhender leur futur environnement, apprendre à gérer leur stress. » Sim Life s’adresse aux jeunes médecins, aux chirurgiens déjà installés qui souhaiteraient améliorer leur technique ou mettre en œuvre de nouvelles techniques opératoires. C’est aussi former des médecins à de nouveaux produits. Après avoir remporté le Coup de cœur du jury au concours Créa’Vienne, la prochaine étape va être de déposer le dossier devant bpifrance.
M. W.