Le centre d’archives de l’armement et du personnel civil de la Défense de Châtellerault est l’un des trois sites où les archives de l’Armée sont entreposées. C’est aussi le 3e plus grand centre d’archives de France.
Dans une partie des bâtiments de l’ancienne manufacture d’armes de Châtellerault, le centre d’archives de l’armement et du personnel a pris place. Comme tout site militaire, pour entrer, il faut montrer patte blanche. Personne ne vient ici par hasard. Le site est un des trois centres du service historique de la Défense (avec Pau et le siège à Vincennes). Créé en 1969, il assure la collecte, la conservation, la gestion et la communication de plans, comptes-rendus, d’essais, documents techniques sur la fabrication d’armes ainsi que les dossiers personnels des civils ayant travaillé pour le ministère de la Défense. Tous ces dossiers représentent 117 kilomètres de linéaires pleins, sur un total de 134 km disponibles. Les archives les plus anciennes remontent à 1870, voire un peu avant. « Tout cela est lié à l’industrialisation. Dans les manufactures, les chantiers navals, les contrôles qualité se mettent en place. Des plans très détaillés sont élaborés. D’autre part, les ouvriers sont enregistrés pour être payés ou en cas de blessure. Des documents autant techniques, que relevant des ressources humaines commencent donc à apparaître », explique Martine Destouches, chargée de la valorisation et du public.
Les dossiers des personnels civils
Les archives les plus récentes datent de 2016. En effet, les bases envoient leurs documents au centre. « Il y a un délai juridique de 15 ans avant le traitement de ces dossiers. Chaque année, nous recevons ainsi 2 à 5 km de documents. Sachant que notre capacité de tri est d’un kilomètre par an. » Après les 15 ans de délai, un dossier définitif est constitué « pour les siècles à venir ». « Nous avons une trace de tout agent civil ayant exercé, même pour deux jours. » Les généalogistes viennent ainsi consulter le dossier d’un membre ayant été personnel civil de la Défense. « Il peut ainsi avoir travaillé dans une poudrerie, une cartoucherie, sur un chantier naval. » Dans la base de données, 2,6 millions de noms sont ainsi recensés. Toute personne demandant un document peut le consulter en salle de lecture. « Si la personne est décédée et son dossier clos depuis plus de 50 ans, la communication ne pose pas de soucis. Après il y a des demandes de dérogation. »
Les plans des armes
Pour les archives techniques, quand une arme n’est plus en service, les plans et les rapports sont consultables 25 ans plus tard (sauf pour les armes de destruction massive). « Les plans sont consultés par des personnes réparant du matériel ancien. Il y a aussi celles qui souhaitent reconstituer un équipement à l’identique ou encore pour réaliser une maquette d’un char, d’un bateau … Les musées sont également demandeurs pour réparer ou faire construire certaines pièces. Nous avons aussi des demandes d’entreprises réalisant des jeux vidéos. » Preuve que tout le monde peut être intéressé par les archives !
Mathilde Wojylac