Exit les années noires liées à la crise économique, la ville de Châtellerault renaît de ses friches et aspire à une nouvelle dynamique. Décidée à redonner le sourire à ses habitants, la collectivité a choisi d’offrir un nouveau visage à son centre-ville. Aménagements, voirie, stationnement, actions privées, le maire, Jean-Pierre Abelin et Maryse Lavrard, vice-présidente reviennent sur l’évolution de leur ville et se projètent dans la future grande agglomération.
Info-éco / Arrivés à la tête de Châtellerault en 2008, quel fut le constat ?
Jean-Pierre Abelin et Maryse Lavrard / Nous vivions une période très compliquée liée à la crise économique mondiale. En 2008, Châtellerault a connu des difficultés industrielles, l’automobile et l’aéronautique subissaient des chutes de commandes, c’était la première fois que les deux activités étaient fragilisées en même temps. Des entreprises ont fermé, le centre-ville s’est déserté, nous devions agir et nous avons imposé une politique dynamique pour changer le visage de notre ville.
Info-éco / Quel a été votre point de départ ?
J.-P. A. et M. L. / Nous avons choisi de valoriser le centre-ville en misant sur des équipements structurants. La place Emile Zola a été totalement modifiée pour devenir un espace piéton, le théâtre de Blossac s’est offert une nouvelle jeunesse, le site Alaman, friche de l’ancien hôpital a été totalement réhabilité pour devenir un nouvel espace de vie aux abords de la Vienne, sans omettre les médiathèques et le conservatoire qui ont été complètement revisités. Nous avons voulu réinventer le centre-ville pour donner envie aux habitants de revenir. Pour y contribuer, nous avons entrepris des travaux de voirie et des mesures pour faciliter le stationnement, nouas avons rénové des logements, accompagné l’installation de nouveaux commerces et encouragé des actions privées comme l’ilôt des Cordeliers désormais pris en charge par le groupe Buildinvest (lire page 4). Et pour pimenter le tout, nous avons mis l’accent sur l’événementiel, dès notre arrivée, nous avons profité du 400e anniversaire du pont Henri IV pour en faire une grande fête. A Noël, nous avions installé une patinoire en centre-ville, nous avons créé « Jour de Vienne » et depuis ça n’arrête pas. Aujourd’hui, il existe une véritable symbiose entre les associations, les commerces et la collectivité. En parallèle, tout cela n’aurait pas été possible si nous n’avions pas aussi investi dans la zone d’activités René Monory et dans une politique d’accompagnement des PME.
Info-éco / Comment avez-vous replacé l’économie au cœur de l’attractivité ?
J.-P. A. et M. L. / Il nous était impossible d’attirer des commerces en centre-ville sans avoir une politique économique attractive. Nous avons beaucoup misé sur la zone d’activité René Monory dans laquelle nous avons installé un centre d’équipement et une pépinière (lire page 6). L’association d’entrepreneurs, le Radec a apporté un nouveau souffle et le groupement d’employeurs Solutions Compétences permet de répondre aux besoins des entreprises installées autour et apporte un service en apport de compétences très apprécié. Depuis, Mecafi a installé une troisième usine et créé 150 emplois supplémentaires. La société a commencé avec 130 personnes, aujourd’hui, ils sont 230. Les uns et les autres apportent un environnement proactif qui bénéficie à tout le Châtelleraudais.
Info-éco / Quels sont les projets qui vous tiennent le plus à cœur ?
J.-P. A. et M. L. / Notre volonté était de diversifier la population du centre-ville. Nous avons, en priorité misé sur le culturel, puis nous avons souhaité valoriser le site de la Manu qui fait entièrement partie du paysage. Il est fermé depuis 50 ans mais enfin, nous commençons à en voir le bout. En 2019, pour les 200 ans du site, nous prévoyons de nouveaux aménagements. Déjà “La forge”, ancienne patinoire a été restructurée et comprend aujourd’hui la patinoire l’hiver et une galerie d’expositions l’été. Dans la continuité, le canal et le jardin du directeur sont maintenant totalement dédiés à la promenande. Une nouvelle entrée paysagée du site et un parc pour skateurs sont en cours de réalisation car nous souhaitons allier le côté loisirs et découverte du patrimoine. L’autre projet important concerne l’aménagement des bords de Vienne. Nous avons 10 km de berge, notamment les quais du centre-ville. Le potentiel est énorme et reste à être développé pour les piétons et les vélos. Il s’inscrit dans un grand projet de rejoindre “la Loire en vélo” et de navigabilité de la Vienne sur tout le rond de la nouvelle agglomération. L’étude est en cours.
Info-éco / En janvier, Châtellerault sera la capitale d’une nouvelle grande agglomération, comment envisagez-vous l’avenir ?
J.-P. A. et M. L. / Nous allons être forts de 47 communes et la centralité de la ville est essentielle. Notre objectif est de conforter ce que nous avons mis en place, poursuivre les projets en cours et donner l’envie de s’approprier la ville centre et plus particulièrement le centre-ville. Nous avons la conviction que le Châtelleraudais peut rayonner dans la Nouvelle-Aquitaine. Le centre-ville et ses commerces, l’industrie et ses PME, le tourisme et ses nouveaux sites et la collectivité, tous ensemble nous contribuons au renforcement de la dynamique mise en place. Châtellerault est un territoire de talents que nous valorisons et continuerons de valoriser.
Propos recueillis par Lydia de Abreu