Fondée en 1872, les Usines de la Vincendrie sont aujourd’hui la seule entreprise au monde à fabriquer des cristaux de soude de manière artisanale. A sa tête : Marinette Seguin, la mère et Isabelle, la fille qui ne manquent pas de projet.
En 1984, Marinette Seguin n’a pas manqué d’audace pour racheter les Usines de la Vincendrie à son patron de l’époque. Secrétaire à mi-temps, elle y croit et d’ailleurs son ancien patron aussi puisqu’il lui octroie un prêt-vendeur, devant le refus des banques de prêter l’argent nécessaire à la nouvelle gérante.
Quatre ans après, elle perd le client St Marc, qui représente alors 95 % de son chiffre d’affaires. Tenace, elle repart à la recherche de nouveaux clients pour sauver son entreprise. « Dans le cadre de l’Union des industries chimiques, je rencontre des Belges qui me font confiance, mais ils veulent acheter mes cristaux en sachet », explique Marinette Seguin qui se souvient de la mobilisation de la famille et des amis, le week-end, pour préparer les livraisons. Le marché se développe et les Usines de la Vincendrie passent les époques.
Aujourd’hui, l’entreprise est la seule au monde à fabriquer de manière artisanale des cristaux de soude utilisés tels quels pour nettoyer et désinfecter ou dans la composition de lessive.
Fleur de Nice, Papillon, Violette ou les Triomphantes, Isabelle Seguin, la fille se souvient encore des marques fabriquées par la société. Arrivée en 2014, elle occupe aujourd’hui le bureau à côté de celui de sa mère. Infirmière de carrière, elle a trouvé dans l’entreprise familiale un projet de taille à engager : construire une nouvelle usine.
Un nouveau bâtiment
Pour écrire une nouvelle page dans l’histoire de l’entreprise créée en 1872, les deux femmes viennent d’acheter un terrain dans le quartier de Saint-Eloi à Poitiers pour y construire un bâtiment de 1 000 m². Pour l’heure, empêtrée dans les malfaçons des entreprises du bâtiment, elles ne se découragent pas. « Certaines entreprises du bâtiment ont dû croire que des femmes ne savaient pas lire des cahiers des charges », sourit Isabelle Seguin. Ce projet lui tient à cœur. Deux millions d’euros vont être investis pour mécaniser la production, offrir de meilleures conditions de travail aux ouvriers tout en sauvegardant des gestes plus que centenaires. « Si l’entreprise est en bonne santé c’est grâce au travail de nos 10 ouvriers qui travaillent dur », reconnaît Marinette Seguin. A 71 ans, elle n’hésite pas à chausser ses bottes et leur prêter main forte à la production en cas de coups de bourre. Un âge qui ne l’empêche pas non plus d’avoir des projets d’avenir pour l’entreprise que sa fille aura en main. Objectifs : éco-certifier leur production et étendre leur gamme, sous leur nom propre cette fois.
M. N.
Site : www.usinesvincenderie.com.