Auparavant broyés pour fabriquer de l’isolant thermique, les draps, housses de couette et peignoirs des grands hôtels sont aujourd’hui recyclés par Edwige Ciria. Elle les revend aux particuliers, campings et chambres d’hôtes.
« Je suis une chiffonnière », sourit Edwige Ciria. C’est finalement sur cette idée simple qu’elle a créée Du Beau Linge, il y a deux ans. « J’avais une entreprise de fabrication de semelle. J’ai cessé cette activité il y a 4 ans et je cherchais plutôt une activité complémentaire pour me porter jusqu’à la retraite », complète la dirigeante.
Ces nombreux voyages en France et dans le monde l’ayant amenée dans les plus grands hôtels, elle décide de recycler le linge de ces établissements, reconnu pour sa qualité, d’origine française. « Je me disais toujours que j’aimerais en avoir chez moi », se souvient Edwige Ciria. Pendant deux ans, elle négocie avec les grands groupes de blanchisserie qui louent pour les groupes hôteliers. « Je devais les convaincre que mon projet était viable et que j’étais crédible financièrement. Jusqu’à présent, le linge était broyé pour faire de l’isolant thermique. Mes interlocuteurs se demandaient sûrement comment une femme pourrait traiter les 26 palettes de 400 kg chacune qui allaient arriver chaque mois », convient Edwige Ciria qui trouve alors un soutien important, mais aussi des compétences au sein de l’association Entreprendre au Féminin Charente, département où elle s’est installée il y a 25 ans.
Structure de logistique en prévision
En pratique, le linge qui lui arrive prend plusieurs formes. Et Edwige Ciria a dû mettre en place plusieurs filières de distribution. Le linge en très bon état est revendu aux particuliers dans son magasin de Saint-Yriex ou via son site internet, aux chambres d’hôtes, petits hôtels et campings qui trouvent le moyen, à moindre frais, de valoriser leur accueil. Le linge en état plus moyen est vendu au poids aux soldeurs parisiens alors que le linge en moins bon état est donné aux associations caritatives.
D’autres pièces sont « transformables ». Des draps deviennent des nappes et le marché auprès des traiteurs est en plein développement. Edwige Ciria travaille en outre avec des ouvriers de centres d’aide par le travail (CAT) qui transforment les draps de bain en essuie-mains, teignent les peignoirs remis ensuite à la vente.
Aujourd’hui, Du Beau Linge donne clairement une deuxième vie au linge d’hôtel et Edwige Ciria n’est pas peu fière de décrocher des marchés auprès de maisons d’hôtes importantes, sensibles à la fois à la qualité et au prix proposés. A 60 ans, elle reconnaît que cette petite entreprise devrait l’emmener bien plus loin qu’à l’âge de la retraite. C’est une reconversion réussie.
Prochaine étape : l’ouverture d’un site marchand aux particuliers, le développement d’une structure de logistique pour des envois en France, mais aussi en Europe (les demandes affluent de Belgique et de Suisse) et peut-être des embauches.
M. N.
Site : www.dubeaulinge.fr.