En votant pour la proposition de révision de la directive sur le détachement des travailleurs proposée par l’eurodéputée Elisabeth Morin-Chartier, le Parlement européen pose le socle de l’Europe sociale : « C’est la fin du dumping social et de la concurrence déloyale entre les entreprises ».
Après plus de dix mois de travail, de nombreux kilomètres parcourus pour négocier et convaincre, Elisabeth Morin-Chartier peut crier victoire du bout des lèvres. Ce lundi 16 octobre, la commission Emploi et affaires sociales du Parlement européen a voté largement à 32 voix pour, 8 contre et 13 abstentions pour la révision de la directive sur les travailleurs détachés proposée par les eurodéputées Elisabeth Morin-Chartier, PPE et la Hollandaise Agnès Jongerius. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance car les pays de l’Est, notamment la Hongrie ou la Pologne n’étaient pas prêts à voir leur main d’œuvre bon marché mise de côté. A l’issue de ce vote, elle a été largement félicitée, de la part de ses proches, mais également de la ministre du Travail, Muriel Penicaud. Son émotion était palpable : « Je suis très heureuse d’avoir emmené ma famille politique sur ce terrain de l’Europe sociale. La construction d’un consensus a été possible, le score est sans appel. C’est également un signal fort pour les deux autres directives qui concernent la sécurité sociale et le transport. Le socle de l’Europe sociale est posé ! »
Tous égaux
L’une des principales propositions de la directive concerne la rémunération des travailleurs détachés, prochainement — d’ici deux ans, si le Conseil des ministres et le Parlement trouve rapidement un texte commun — les travailleurs détachés étrangers percevront les mêmes revenus et avantages que les salariés nationaux. « A travail égal, salaire égal. C’est le début de la fin du dumping social et de la concurrence déloyale entre les entreprises. Nous retrouverons ainsi un marché plus équilibré et nous claquerons la porte au nationalisme et au populisme. »
La prochaine étape se déroulera le lundi 23 octobre, le Conseil des ministres doit se prononcer. « Il est sérieusement temps que les ministres européens mettent un bon coup d’accélérateur », déclarait le soir même Elisabeth Morin-Chartier sur son compte Facebook. Dès lundi, l’heure sera à la négociation : « C’est la partie que je préfère ! » Si l’objectif est de réaliser un texte commun, l’eurodéputée ne reviendra pas sur la rémunération et la durée du détachement à 24 mois. « La directive clarifie les zones d’ombres, c’est un dossier important, un tournant pour l’Europe. »
Lydia De Abreu