Il connaît le vaisseau amiral de la Nouvelle-Aquitaine comme sa poche. De stagiaire, il est devenu 18 ans plus tard, le nouveau président du directoire du Futuroscope, 2e parc le plus visité en France. Serein et ambitieux, il prend les rênes sans complexe et développe sa stratégie pour l’avenir.
Info-éco / Vous avez pris la tête du parc du Futuroscope ce 1er avril, quel est votre sentiment ?
Rodolphe Bouin / J’ai appris la décision, il y a pratiquement un an. Il n’y a pas vraiment de surprise aujourd’hui. Je connais l’entreprise par cœur, son histoire, son compte d’exploitation, ses enjeux et les dossiers qu’il faut ouvrir dans l’avenir. Le sentiment qui m’envahit est celui de la responsabilité. La responsabilité d’une magnifique entreprise générant 108 millions d’euros de chiffre d’affaires, employant 800 équivalents temps plein et accueillant 2 millions de visiteurs. Je prends cette nouvelle fonction avec enthousiasme et détermination.
Info-éco / Comment succéder à Dominique Hummel ?
R. B. / On lui succède différemment. L’erreur serait de dupliquer les mêmes styles, qualités ou défauts, nous sommes deux personnes très différentes et à la fois très complémentaires pendant une dizaine années. La fonction ne sera pas incarnée de la même manière, il y a des figures imposées auxquelles je vais m’astreindre avec plaisir, mais dans la gouvernance de l’entreprise, je vais davantage impliquer le comité de direction et j’irai chercher des complémentarités plus fortes.
Info-éco / Quelle sera la « touche » Rodolphe Bouin ?
R. B. / Je ne sais pas si je veux apporter « ma touche », je trouve cela un peu prétentieux. Mon rôle est de répondre à deux enjeux primordiaux. Le premier est de stabiliser le parc, le maintenir dans cette dynamique et de réinvestir pour le plaisir du visiteur. Le second est d’identifier nos marges de progression à 10 ans, notre potentiel d’attractivité et comment le développer avec notamment une activité supplémentaire.
Mon style sera plutôt distillé en interne, j’ai la réputation d’être proche des équipes, je n’ai pas l’intention de changer. J’irai chercher toutes les idées et complémentarités dans les équipes actuelles et dans le recrutement externe potentiel pour essayer de trouver la bonne alchimie et œuvrer ensemble dans le développement du parc.
Info-éco / Quels sont les projets que vous visez ?
R. B. / Actuellement, nous étudions un plan d’investissement à 10 ans qui sera présenté à l’actionnaire dans quelques mois, nous présenterons deux scénarios distincts. Un qui permettra de stabiliser l’activité et d’aller un peu au-delà. La sortie en 2019 de l’attraction proposant un entraînement dans l’espace marquera la fin de ce cycle à 2 millions de visiteurs. Ce sera le plus important investissement du parc : 18, 5 millions d’euros.
L’autre est plus ambitieux, il vise à doper la capacité d’accueil pour franchir un nouveau palier en créant de nouveaux packages notamment avec la soufflerie et l’Arena et en proposant une offre secondaire avec éventuellement la création d’un nouveau parc, plus disruptif pas forcément sur l’image, mais plutôt sur les natures d’expériences.
Info-éco / Vous n’investissez pas dans la soufflerie et l’Arena, mais vous allez les commercialiser ?
R. B. / La soufflerie est un projet dont la thématique colle avec celle du Futuroscope. C’est un équipement attractif, de qualité, avec investissement cout zéro pour nous, donc oui nous avons vocation à le commercialiser sous forme de package. Nous sommes sur des tickets hauts avec une transformation faible, ça dope l’attractivité.
Pour le moment, nous avons réservé l’Arena pour 45 dates sur un bloc été, du 14 juillet à fin août, sur un show payant avec une offre additionnelle de qualité. C’est un changement radical de stratégie car au départ nous souhaitions nous en servir comme déversoir, pendant les fortes affluences. Mais l’outil mérite une autre approche. Nous réfléchissons à créer nous-même le contenu du show ou bien, nous irons en chercher un loin de nos bases, pas connus par nos visiteurs que nous adapterons. Notre entreprise nous permet de faire beaucoup de choses, nous ne nous ennuyons jamais, ce n’est pas au programme.
Propos recueillis par Lydia De Abreu
Rodolphe Bouin, en quelques chiffres
41 ans, papa de 4 enfants
Originaire de Royan (17), il s’imaginait travailler dans le tourisme, enfant, le Futuroscope était le seul site qu’il a visité 2 fois
Intègre le Futuroscope en 2000 comme contrôleur de gestion
Prend la direction des boutiques en 2005
Devient directeur de l’organiasation et des ressources humaines à 30 ans
Est nommé directeur d’exploitation en 2014
Il a parcouru 4 marathons dont le Poitiers-Futuroscope en 3h59
Le 1er avril 2018 devient président du directoire du Futuroscope