Six entreprises de Nouvelle-Aquitaine fabriquant des charentaises viennent de déposer une demande auprès de l’Institut national de la propriété intellectuelle (Inpi) pour obtenir le label d’indication géographique protégée (IGP) afin de préserver un savoir-faire et valoriser ce produit d’antan qui ne prend pas une ride.
Rondinaud, Laubuge, La Nouvelle Charentaise, Manufacture Degorce, Fargeot et DM Productions, six entreprises spécialisées en charentaises en Charente, Dordogne et Sud Limousin viennent de déposer fin avril une demande de labellisation IGP auprès de l’Inpi. Soucieux de préserver la technique ancestrale de fabrication en cousu retourné, Jean-Claude Jegou, coordinateur de l’association pour la promotion des charentaises estime que le label permettrait de « valoriser et promouvoir la charentaise auprès des consommateurs ». A l’instar de la porcelaine de Limoges ou du granit de Bretagne, cette démarche est possible grâce à la loi dite « consommation » qui élargit les indications géographiques protégées aux produits manufacturés afin de reconnaître la qualité et la provenance des produits de l’artisanat et de l’industrie. Environ 300 000 paires de charentaises sont fabriquées chaque année par ces six entreprises, elles emploient 210 personnes pour un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros en 2016. Rondinaud possède déjà cette IGP depuis 2015.
Pour l’histoire, la charentaise est apparue à la fin du XIXe siècle pour recycler des reliquats de fabrication des industries textiles et papetières situées sur le fleuve Charente et ses affluents, précise l’Inpi dans son communiqué. Les feutres à papier étaient en laine. Après avoir servi au pressage et avoir absorbé l’eau de la pâte à papier, ils devenaient imperméables. Les savetiers locaux eurent alors l’idée de récupérer les feutres pour en faire des semelles souples et confortables. Un cahier des charges très strict a été établi par l’Inpi pour déterminer le type de charentaise qui pourrait bénéficier de l’indication géographique. L’enquête publique devrait durer deux mois et, si tout est validé, le label IGP serait attribué aux charentaises d’ici novembre 2018.
Lydia De Abreu