Le plan de mobilité a pour objectif de diminuer les émissions polluantes et réduire le trafic routier en agissant sur les déplacements des salariés. Il favorise l’usage des modes de transport alternatifs à la voiture individuelle.
Depuis le 1er janvier 2018, chaque établissement de plus de 100 salariés doit fournir un plan de mobilité (anciennement plan de déplacement entreprise). Il peut aussi être établi sur une zone comprenant plusieurs entreprises. Cette démarche auparavant volontaire est devenue obligatoire avec l’article 51 de la loi de transition énergétique pour la croissance verte. « Il s’agit de faire diminuer l’empreinte carbone de l’entreprise ainsi que le recours à la voiture individuelle, explique Pierre Couronné, consultant indépendant en mobilité durable et responsabilité sociale des entreprises depuis une quinzaine d’années. Il faut favoriser l’usage de modes de transport alternatifs pour les déplacements domicile-travail, mais aussi les déplacements professionnels réalisés par l’entreprise et tenir compte de ceux des visiteurs, des fournisseurs … Cette obligation s’inscrit plus largement dans une démarche de management environnemental et incite à repenser les manières de travailler. C’est aussi des économies pour l’établissement, comme pour le salarié. »
Accompagner le changement
Le plan de mobilité comprend une partie diagnostic et un plan d’actions. Huit salariés sur dix font seul dans leur voiture le trajet domicile-travail. « Ces flux génèrent de la pollution, du bruit, des particules fines, voire des embouteillages et venir en voiture nécessite de la place (location de places de parkings, agrandissement …). Ce foncier pourrait être mieux utilisé ou servir à autre chose. Quand l’entreprise n’a plus assez de places de parking pour ses salariés, à la place d’en construire de nouvelles, elle peut inciter au covoiturage en réservant des places pour les véhicules dans ce cas. » L’entreprise peut subventionner l’achat d’un vélo, participer à l’abonnement pour le bus ou le train … « Agir sur la mobilité, c’est aussi agir sur les risques professionnels d’accidents de la route. Les modes de transport alternatifs préservent la santé du salarié et améliorent souvent son confort et son bien-être. Il faut accompagner ce changement et être plutôt pro-actif que subir ces évolutions. » Suite aux Assises nationales de la mobilité, une nouvelle loi est en construction (plan vélo, zone à faible émission, cheminement piéton, auto-partage, plus grande intermodalité …). De nouvelles contraintes vont s’ajouter, ce peut donc être l’occasion de porter un regard global sur les déplacements des salariés.
Combiner différents transports
« L’enjeu n’est pas d’être culpabilisant, mais de dire que la société change, les modes de transport évoluent et se préparer au mieux à cela, souligne Pierre Couronné. Chaque salarié qui modifie au moins une fois par semaine ses habitudes de déplacement est un gain. Il faut se mettre en mouvement, essayer, passer d’un seul mode de transport à plusieurs, à combiner dans le temps et l’espace. Sur une journée, il est possible de tester le covoiturage, l’été prendre le vélo, commencer en voiture et finir à pied … Chacun dans son quotidien peut combiner différentes solutions. La partie diagnostic est l’occasion de voir ce qui existe, comment les salariés se déplacent. Avec le plan d’actions, il s’agit de faciliter l’information, d’encourager les autres modes contre l’auto-soliste. »
Parmi les pistes à développer pour l’entreprise, il peut s’agir de promouvoir le vélo, améliorer l’accès des bâtiments par les piétons, encourager l’utilisation des transports publics, aménager les horaires de travail, mettre en place un service de covoiturage ou d’auto-partage, favoriser le télé-travail … « Mettre en place des visio-conférences, ce sont des économies de temps et de déplacements. J’aide les entreprises à envisager toutes ces solutions. Derrière les coûts, il y a des bénéfices. Un vélo prend 6 à 8 fois moins de place qu’une voiture, ce sont des mètres carrés récupérés, cela participe aussi à la transformation de l’espace urbain. Les villes aussi se transforment, l’environnement urbain n’est plus le même qu’il y a dix ans. Après, ces changements d’habitude vont prendre du temps. » Si pour l’instant, l’entreprise qui ne respecte pas cette obligation perd le soutien technique et financier de l’Ademe, dans les prochaines années, le contrôle sera renforcé.
M. W.
Plus sur : www.plan-mobilité.fr.