Le 19 mai 1988, le pont de l’île de Ré ouvrait à la circulation et transformait la vie des habitants de « Ré la blanche ». Avec la venue des services, la population croissait. Une rareté pour île française.
Cet ouvrage d’art a révolutionné la vie des Rétais. Il ne faut plus que 3 minutes pour le franchir. Auparavant, la traversée en bac en durait quarante-cinq, si on avait une place à bord. Souvent, il fallait patienter quatre ou cinq heures pour en avoir une. 30 ans après, sa silhouette en « S », est même devenue l’un des emblèmes de l’île de Ré.
Construit par le groupe Bouygues, le pont de l’île de Ré a connu un succès immédiat. 1,5 million de véhicules l’a franchi dès sa première année de service, en 1988. Ils étaient 3,47 millions à l’emprunter en 2017. Mais il aura fallu 120 ans pour établir une liaison fixe entre le continent et l’île de Ré. En 1860, des négociants en eau de vie Rétais rêvaient d’un tunnel, mais ce fut le bac qui améliora d’abord les navettes, sans jamais satisfaire. Lenteur, cherté du passage et du coût d’exploitation, faible capacité de charge, le bateau fut toujours décrié. C’était encore pire avant. Il fallait environ deux heures à la voile pour aller s’échouer sur la plage de Saint-Martin-de-Ré. Quand les conditions météorologiques s’y prêtaient.
Avec lui, l’île s’est développée. « Le pont a sauvé l’île, avance même Lionel Quillet, maire de Loix-en-Ré et président de la Communauté de communes de l’île de Ré. La vie locale était moribonde avant lui. Aujourd’hui sur dix communes nous avons dix écoles, dix mairies, des postes, un collège, 56 services médicaux, cinq crèches, 350 associations et l’activité primaire (agriculture, ostréiculture, saliculture, maraîchage) se développe. » Quand au tourisme, il a explosé au point de faire de l’île une destination parmi les plus prisées, avec le lot de difficultés que cela implique, notamment pour circuler. Un Plan mobilité sera annoncé le mois prochain pour y remédier.
Olivier Guérin