L’un des enjeux de l’industrie, comme tous les secteurs aujourd’hui en France, est de recruter. En amont, la formation est un des leviers d’un recrutement réussi.
Un des opérateurs de la formation industrielle en Poitou-Charentes est le Pôle formation de l’UIMM (l’Union des industries et des métiers de la métallurgie). Sur 7 sites, chaque année, le Pôle forme et accompagne 550 alternants, 4 700 salariés et 300 demandeurs d’emplois. Aujourd’hui pourtant, des métiers comme usineur, soudeur, chaudronnier, opérateur ne trouvent pas preneur. « Les jeunes se désintéressent de ces métiers qui ont une image négative, souligne Bernard Giraudon, directeur du Pôle. Mais leur représentation est souvent faussée. Aujourd’hui, l’industrie fait face à de nombreux défis. Le numérique et l’informatique transforment les process industriels. »
Ainsi, la robotique se démocratise. L’impression 3D et la fabrication additive entrent de plus en plus dans les entreprises. « C’est une approche différente. Avant, la matière était enlevée, aujourd’hui elle est ajoutée. Elle peut être mise uniquement là où il y a un besoin. » Les échanges sont facilités. Le big data est aussi une des problématiques des industriels. « Les entreprises doivent faire face à tous ces sujets en même temps et l’environnement évolue vite. Aujourd’hui, elles sont à un carrefour. En parallèle, elles doivent mettre les hommes et les femmes qui mettront en application ces nouvelles technologies, ces nouveaux process. Les formations évoluent donc aussi. De nouvelles compétences sont apparues : conception, modélisation, réglages, pilotage, contrôle … Nous mettons tout en œuvre pour nous adapter aux besoins des entreprises. Il y a un développement des formations individualisées, pus adaptées aux personnes que ce soit sur le contenu, le planning ou la durée. Il faut optimiser le temps de formation. »
Ainsi par exemple, des entreprises du Loudunais, Agritubel, Barat CEIT, Manip’ et SIAM ont décidé de se réunir et de monter avec Pôle emploi et l’UIMM une campagne sur le métier de soudeur industriel. Sur 3 à 6 semaines, cette préparation opérationnelle à l’emploi collective permettra à une quinzaine de candidats d’alterner entre centre de formation et entreprise et au final de prétendre à un emploi.
Un cluster pour attirer
Face aux difficultés de recrutement, des entreprises se réunissent. C’est aussi le cas dans le Nord des Deux-Sèvres, où un Pôle Métal 2S a vu le jour en juin. « Nous sommes partis du constat que les entreprises de la métallurgie avaient du mal à recruter et en face le taux de chômage reste élevé, explique Patrice Labaeye, président du cluster. Il y a les administrations, les formations, les entreprises … et chacun de ces acteurs individuellement n’a pas la solution complète à ce problème. Donc, le mieux était de se mettre tous ensemble autour d’une table pour enclencher des actions et trouver des solutions locales. » L’initiative revient au député Jean Grellier qui lors de ces visites entendait de nombreuses entreprises faire part de leurs problèmes de recrutement. Une première réunion a donc eu lieu en présence notamment du proviseur de la cité scolaire Genevoix-Signoret-Vinci, de Pôle Emploi … Après 12 mois de travail, l’association a élu son bureau et déposé ses statuts. « Nous voulons y aller par petits pas, mais inscrire cette démarche dans le paysage et faire travailler ensemble les acteurs. Déjà en échangeant, chacun a pu rappeler ce qu’il fait, nous avons pu voir où il y avait certaines carences, mettre en relation des acteurs sur certaines sujets. »
Le cluster souhaite également attirer des jeunes, des femmes, casser les clichés. « C’est une action de longue haleine. L’image des usines renvoyée par Zola a bien changé aujourd’hui. La technologie est entrée dans nos entreprises, les salariés peuvent être fiers de leur travail en regardant une voiture rouler, un avion voler ou un train avancer. C’est un travail de fond qui prendra du temps. » Cela passe par trouver un tuteur pour un apprenti, faire de la sensibilisation , diffuser des films, faire visiter les entreprises … Le Pôle Métal 2S veut aussi montrer la force du terrain et ainsi créer du business ou attirer de nouveaux projets. Un animateur va être recruter. « Nous voulons être un déclencheur, pousser les gens à venir nous rencontrer, pour peut-être ensuite les former et les embaucher. »
M. W.