Sur Châtellerault, à la pépinière René-Monory, Antoine et Benoît ont installé leur atelier de fabrication de vinyles. Ce marché de niche a de réelles possibilités. Après avoir démarré la production cet été, ils espèrent trouver leur rythme en pressant 500 disques par jour.
Après plusieurs mois retard dans l’installation des machines, les premiers vinyles made in Châtellerault sont enfin sortis de presse cet été. Et c’est avec une certaine satisfaction qu’Antoine Bastien et Sylvain Bodet, après une phase de réglages, ont expédié les premières commandes fin août. Installé dans les ateliers de la pépinière René-Monory à Châtellerault, Vinyl Records Makers peut désormais produire jusqu’à 500 disques par jour.
Tous deux musiciens, ils ont notamment tourné avec des groupes. Ils ont également créé un label ensemble et organisé de nombreux concerts. « Nous sommes issus d’une scène musicale qui sort ses créations en vinyle, explique Antoine Bastien. Nous avons toujours baigné dans cet univers, nous en avons toujours utilisé, acheté. Il y a une réelle demande des labels indépendants et des groupes pour produire des petites quantités, entre 100 à 1 000 exemplaires, mais très peu d’offres existantes. Nous avons voulu creuser l’idée. » L’étude de marché s’est révélée prometteuse. Ils ont sauté le pas. « Pendant un an nous avons fait de nombreuses recherches. Nous nous sommes documentés, notamment sur tout l’aspect technique. Nous avons contacté le fabricant de presse. Nous avons construit notre dossier. »
De l’idée à la concrétisation
Leur business plan établi, Antoine Bastien et Sylvain Bodet créent la société Vinyl Records Makers. En parallèle, ils cherchaient un local pour installer leur production. Basés à Saint-Georges-les-Baillargeaux et Tours, ils se tournent rapidement vers Châtellerault. « En tant que bassin industriel, ils ont gardé cette volonté d’accueil de nouvelles productions. » La possibilité de s’installer dans un atelier à loyer accessible a fini de les convaincre. « En tant que jeune créateur, nous bénéficions de leur accompagnement, c’est appréciable. » Ils en profitent pour s’inscrire au concours Créa’Vienne et remportent, en 2017, le prix Valéo (prix dédié à un projet industriel). La Région Nouvelle-Aquitaine leur également attribue une aide à la création d’entreprise pour l’investissement matériel. « Créa’Vienne, — et la validation de notre idée par un jury de professionnels — et l’aide régionale ont donné de la crédibilité à notre projet. Cela a permis de donner plus de poids à notre dossier, notamment pour démarcher les banques. »
Projet validé, financements débloqués, local trouvé, ils pouvaient à présent commander leur ligne de production. « Avec l’arrivée du CD, il faut savoir qu’au niveau mondial, les dernières presses à vinyles ont été fabriquées dans les années 1980. Mais face au maintien et même au développement du marché du vinyle, une nouvelle société allemande s’est créée pour remettre au goût du jour et produire un nouveau modèle de presse semi-automatique. Plusieurs exemplaires ont été vendus. » Les deux associés passent donc commande, mais la livraison se fait attendre. Avec huit mois de retard, Antoine Bastien et Sylvain Bodet ont produit leurs premiers vinyles cet été. « Le marché du vinyle se porte bien. Les devis rentrent. Après, sur les aspects techniques, nous avons encore des réglages, admet le nouveau dirigeant. Nous apprenons avec le terrain. Sur le métier d’entrepreneur, c’est aussi une gestion nouvelle. En tout cas, à ceux qui se lancent, il ne fait pas lâcher malgré les galères, y croire, prendre parfois du recul, mais s’accrocher à son idée. »
M. W.