Dans son if.lab du Chenal de la Cayenne, à Marennes, Isabelle Faustino expose son art de détourner les matériaux ostréicoles.
Le long du chenal de la Cayenne, à Marennes, tous les ostréiculteurs utilisent la maille de polypropylène pour faire pousser leurs huîtres dans des « poches ». Mais Isabelle Faustino, elle, en a fait son matériau de base pour des sacs, des cabas, des paniers et des corbeilles. Elle seule utilise ce plastique présent dans toutes nos cuisines à des fins artistiques pour bâtir ses deux collections, regroupées sous le nom de « Maille darling ».
« Maille darling »
Sa collection standard est pensée pour un usage multiple. « On peut tout faire avec, explique la créatrice. Les utiliser en intérieur, en extérieur, comme éléments de décoration ou pour un usage pratique. Dans ce cas les corbeilles rectangulaires équipent souvent les bureaux. Dans la maison, les carrées servent à présenter des fruits, des légumes — il s’agit de polypropylène alimentaire — ou font office d’égouttoir. Enfin les petits modèles deviennent des vide-poches. » Cette gamme est également vendue aux professionnels. Mais pour ces derniers, restaurants, traiteurs, pharmaciens, chocolatiers, Isabelle Faustino imagine aussi « une gamme particulière, développée selon leurs besoins spécifiques ».
Pieux en ardoise
L’ancienne parisienne, débarquée en 1999 au bord de la Seudre, ne se limite d’ailleurs pas à cet unique matériau emblématique de la culture ostréicole. Elle revisite aussi les anciens collecteurs en ardoise que les professionnels utilisaient comme support pour les huîtres juvéniles. Le talon des huîtres y est resté et décore la pierre de manière abstraite. Elle les transforme en un petit ornement qui agrémente chacun de ses sacs, cabas et paniers. Découpés à une épaisseur de 3 à 5 millimètres, les pieux devenus petits carreaux sont également collés sur une plaque en polypropylène en structure de nid d’abeilles pour former des panneaux de table ou orner les piétements de meubles. Elle a aussi reconverti ce matériau historique de l’activité ostréicole en dispositifs lumineux qui ont séduit la Cité de l’huître voisine.
Oystory
Enfin ces pieux d’ardoise, mariés à l’acier corten (1) d’ordinaire destiné aux tables qui supportent les poches d’huîtres en mer, balisent le parcours sur les remparts du Château d’Oléron, qui s’étendent sur l’île de l’autre du pertuis de Maumusson. Rien n’échappe à l’imagination de l’artiste qui a réuni les matières premières des ostréiculteurs dans son « Oystory » (de l’anglais oyster, huître et story, histoire), qu’elle décrit comme « une histoire d’amour, un projet en éventail, un projet exploratoire » imaginé au bout du chenal de la Cayenne, entre terre et mer.
O. G.
(1) : L’acier Corten est un acier très résistant auto-patiné, qui ne rouille qu’en surface, utilisé au départ pour construire les trains et les ponts.