Au sein du CHU de Poitiers, sur une soixantaine de sages-femmes, six sont des hommes. Mathieu Chevalet est l’un d’eux.
Un.e sage-femme a pour rôle la prise en charge de la femme avant, pendant et après l’accouchement. Littéralement, c’est être sage envers la femme. C’est le métier qu’a choisi d’exercer Mathieu Chevalet.
Originaire de Franche-Comté, Mathieu Chevalet entre en fac de médecine à Besançon. « J’étais un peu dans le flou après le bac, mais le milieu de la santé et de la biologie m’attirait. » Après la première année, il passe le concours d’entrée qui lui ouvre la voie à des études de médecine, de chirurgien dentiste ou de sage-femme. « Je ne m’étais pas prononcé, j’étais ouvert à tout. Le numerus clausus a décidé pour moi. J’ai saisi l’opportunité. Grand bien m’en a pris. C’est un métier dans lequel je m’éclate. » Il suit quatre années de spécialisation (physiologie et pathologie) et sort en juin 2007. « Je n’ai jamais ressenti de différence d’être un homme dans un monde féminin. C’est en grande partie une affaire de personnalité. »
En janvier 2010, il rejoint le CHU de Poitiers et intègre une nouvelle équipe. Sur une soixantaine de sages-femmes, ils sont six hommes. « Auparavant, l’entrée pour des études de sage-femme se faisait directement après le bac. Et un garçon de 18 ans, il faut bien le reconnaître, a peu de chance de s’intéresser à ce sujet. Après la réforme, le choix a été intégré directement après la première année. C’est ouvrir cette possibilité et notamment à des hommes. »
Parler pour combattre les préjugés
La particularité de ce métier vient aussi du fait que la patientèle est composée de femmes. « Un neurochirurgien n’a pas à avoir été opéré du cerveau pour bien opérer lui-même. Cela ne veut pas dire que je suis incompétent. Souvent, le dialogue, la communication sont les clés pour passer outre les quelques réticences. C’est vrai que je ne vais ausculter que des femmes, mais le plus souvent, j’ai en face de moi un couple. Ce qui m’intéresse avant tout, c’est ce que ressent la personne, comment elle aborde ce changement, plus que la partie physique. La parole, avec parfois une note d’humour, est vraiment importante pour mettre à l’aise. »
Dans l’équipe, d’autres hommes sont présents en tant que obstétricien, anesthésiste … « Je n’ai jamais eu cette impression d’être seul. Derrière sage-femme, il ne faut pas retenir ou voir seulement le mot femme et passer les préjugés. »
Après sept ans à pratiquer, en 2017, Mathieu Chevalet prend la fonction de coordinateur et gère la salle de naissance, ainsi que des urgences gynécologiques et obstétricales. Pour compléter sa formation, il suit, dans une université parisienne, un master 2 en management sur l’éthique médicale et l’hygiène hospitalière. « J’aime apprendre, j’ai toujours été curieux. Manager, coordonner est plus une affaire de personnalité que de genre. J’ai su saisir les opportunités qui se présentaient. C’est un travail très dynamisant, même si quand il y a un pic d’activité, il m’arrive d’aller en salle de naissance pour assister à cet acte fabuleux. »
M. W.