Le musée des Tumulus de Bougon propose jusqu’au 3 novembre, un saut dans la préhistoire, une plongée au temps des mammouths. Cette exposition dresse ainsi le portrait de cet animal mythique.
Félix et ses compagnons ont débarqué au musée des Tumulus de Bougon, pour une nouvelle saison de découvertes. « Cela fait 15 ans que j’en rêve », raconte Elaine Lacroix, la conservatrice en chef du musée. Conçue en 2004 par le Muséum national d’histoire naturelle, l’exposition “Au temps des mammouths” prend ses quartiers dans les Deux-Sèvres, jusqu’au 3 novembre. Après plusieurs haltes en France et à l’étranger (dont la Suisse, l’Australie et la Nouvelle-Calédonie), une partie du matériel est désormais visible à Bougon.
Trois camions de 19 tonnes ont été mobilisés pour transporter l’ensemble de l’exposition. L’une des pièces phares est une reconstitution grandeur nature d’un mammouth laineux, Félix, accompagné de son petit. Son créateur, Jack Thiney, alors taxidermiste au Muséum national d’histoire naturelle, est venu en personne le monter. Composé de neuf pièces, pesant 500 kilos, haut de 3,40 mètres, dont 2,80 mètres de défenses, Félix est installé dans la grange attenante au musée.
C’est qu’il est impressionnant. Pour sa reconstitution, Jack Thiney s’est basé sur un squelette exposé au Musée royal des Sciences naturelles de Bruxelles. Il a mesuré tous les os et recréé ensuite l’enveloppe. Pour les défenses, il a pris exemple sur celles exposées dans la galerie de paléontologie, à Paris. Sur une structure en métal, du polystyrène a été façonné. « Le découpage a été la partie la plus difficile, mais j’ai eu la chance de soumettre la maquette aux chercheurs de l’époque, dont le paléontologue Pascal Tassy qui a supervisé l’ensemble, indique le taxidermiste, aujourd’hui à la retraite. Peu de reproduction font cette taille. Félix était grand pour un mâle adulte. »
Félix pesait en réalité 5 tonnes, dont 100 kg pour les défenses. « C’est un animal qui fascine, son gigantisme en impose », acquiesce la conservatrice. Les mammouths laineux ont vécu entre -600 000 et -10 000 ans et l’exposition emmène ainsi le visiteur à la découverte de son environnement.
Trois autres reproductions
Dès l’entrée du musée, le visiteur est accueilli par le mammouth de Lyakhov. Découvert dans l’une des îles Lyakhov (Russie), il a été offert à la France en 1912. Une réplique en résine de l’original est ainsi présentée. Là aussi, ses dimensions impressionnent : 5 m de long, 1,75 m de large (au niveau des défenses) et 2,75 m de haut.
Dans la famille mammouths, la reproduction du bébé Dima est aussi de la partie. Découvert près de Magadan en Russie en 1977 et retrouvé dans le sol gelé d’une mine d’or, il était dans un parfait état de conservation. Il avait entre 6 mois et 1 an, mesurait 90 cm de haut et devait peser environ 100 kg.
Pour aller plus loin, la hutte de Mizyn a également été reconstituée. Dégagée dans les années 50 fait environ 20 m2. Elle est composée de 273 os (omoplates, crânes, mandibules, os longs, os bassin et défenses) provenant d’au moins 30 mammouths, ainsi que d’un os de rhinocéros, 30 bois d’au moins 30 rennes et un crâne de loup. Le toit était vraisemblablement recouvert de peaux d’autres mammifères et perches et fourches en bois sont également nécessaires pour consolider la construction (notamment les rennes). Diverses décorations devaient orner l’entrée ou la toiture. L’ensemble de la hutte était probablement ceinturé d’un bourrelet extérieur de terre.
Autre pièce remarquable de l’exposition : une collection de répliques de statuettes néolithiques sculptées dans de l’ivoire, représentant des femmes, qui vaut le détour.
Plongée dans la préhistoire
À l’aide des reconstitutions, mais aussi de petits films et de jeux interactifs, tous les thèmes seront abordés, depuis le mode de vie du gros animal et les rapports que l’homme a entretenu avec lui jusqu’à sa disparition il y a 10 000 ans. Les Hommes de Neandertal et les premiers Homo sapiens ont en effet été contemporains du mammouth en Europe pendant des milliers d’années. Le visiteur aura ainsi accès à son environnement, sa biologie, ses rapports à l’homme et la riche production artistique de cette époque. Pour compléter l’exposition, des ateliers, des visites commentées, des animations sont également proposés tout au long de l’année.
M. W.
Plus : tumulus-de-bougon.fr.