Créé en 1969, le centre de formation des apprentis du bâtiment et des travaux publics de la Vienne, basé à Saint-Benoît vient de fêter ses 50 ans. Le site accueille aujourd’hui 578 apprentis sur 28 formations en alternance, de niveau CAP, brevet et bac professionnel, ainsi qu’un BTS. Environ 600 salariés viennent également se former chaque année sur le site, via des sessions courtes. Pour garder un site attractif, l’espace restauration vient d’être totalement réaménagé. Il a été mutualisé avec leur voisin, le CFA de la Chambre de métiers et de l’artisanat de la Vienne, notamment pour toute la partie fabrication. « C’est une première mise en commun des espaces de vie de nos deux établissements, souligne Jean-Claude Dupraz, président du CFA. C’est un lieu de cohésion et de partage important dans un établissement. Cette mutualisation nous permet également une diminution des coûts. » L’investissement est d’un million d’euros, financé pour moitié par la Région Nouvelle-Aquitaine et par le CCCA-BTP (organisme paritaire de la branche). Jean-Claude Dupraz a profité de la présence du président de région Alain Rousset pour demander également une mutualisation des lieux de sport.
Inquiétude dans les CFA
La proposition a été saisie par l’élu régional, qui a élargi au contexte national. « Mon inquiétude est que la Région n’ait plus, demain, les moyens d’accompagner ces CFA de proximité, notamment dans les phases critiques. » Avec la réforme de l’apprentissage, les Régions perdent la gestion des CFA. Demain, les établissements auront une dotation pour leur investissement et une enveloppe pour le fonctionnement. Cette somme sera basée sur le nombre d’apprentis de chaque CFA. « Les métropoles et les grands groupes qui développent leur propre structure n’auront pas de mal à attirer, mais pour certains territoires, ce sera plus difficile. Comment maintenir une équipe enseignante si le nombre d’étudiants baisse ou dans une période de crise économique ? » Ce coût contrat devrait s’appliquer au 1er janvier 2020, pour un total déploiement en septembre 2020. « Certains CFA sont déjà au-dessus de ce montant, souligne Jean-Claude Dupraz. Comment feront-ils pour continuer ? »
Le président de Nouvelle-Aquitaine plaide également pour une carte de l’apprentissage en région. « Avec les possibles nouvelles ouvertures, il ne faut pas instaurer de concurrence entre les CFA. Pour les ouvertures comme les fermetures, la réflexion doit être menée avec les établissements, les branches, les chambres consulaires ainsi que l’Education nationale pour avoir un minimum de transparence et de visibilité. Il faudra continuer à rénover les bâtiments si le secteur veut encore attirer demain. Outre l’orientation des jeunes, nous devons réfléchir ensemble à lever les obstacles au recrutement. Comment faire pour redonner le goût, l’envie de se former ? »
A la rentrée prochaine, le CFA ouvrira une nouvelle formation, un bac professionnel chef d’équipe gros œuvre. Pour 2021, l’établissement réfléchit à la création d’une formation d’ingénieur en bâtiment en alternance. Jean-Claude Dupraz se félicite de l’élargissement du panel. « C’est ainsi offrir à nos jeunes apprentis les mêmes possibilités d’évolution que dans une voie “classique” et proposer de nouvelles perspectives. »
M. W.