Après la bande dessinée, le Miroir retrace les évolutions de la tapisserie. Jusqu’au 22 septembre, l’exposition “Aubusson, une histoire de tapisserie – Savoir-faire et modernité, 1650-2019” se tient à la Chapelle Saint-Louis, 1 rue Louis Renard à Poitiers. « Avec le Miroir, nous travaillons sur des formes nouvelles et proposons des expositions qui sortent de l’ordinaire, explique Michel Berthier, élu en charge de la culture à la mairie de Poitiers. La mode, le design, l’artisanat … nous présentons des formes inhabituelles, tout en privilégiant les liens avec le territoire. Nous avons travaillé avec la Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson pour faire découvrir leur travail et donner envie d’aller sur place. »
Du XVIIe siècle …
Ainsi, au cœur de la chapelle, 28 œuvres prennent place, la plupart suspendues, permettant au visiteur de voir l’endroit, comme l’envers. « L’idée est de remonter le temps. C’est une immersion chronologique du XVIIe siècle à nos jours, la dernière œuvre étant “tombée” du métier il y a quelques mois, explique Jean-Luc Dorchies, commissaire de l’exposition. A travers cette exposition, nous voulions raconter les grandes étapes de l’histoire de la manufacture royale d’Aubusson et de ses tapisseries. »
Le visiteur remonte la chapelle, comme s’il parcourait les siècles. « Dans cette région du massif central, la production artisanale s’est peu à peu transformée en art décoratif. Une tapisserie sert alors à réchauffer l’atmosphère, protéger la pièce des courants d’air, mais aussi de décoration. » C’est au XVe siècle que débute la conservation des tapisseries. La manufacture devient royale au XVIIe siècle, mais reste un établissement privé. « Dès le XVIe siècle, les productions sont envoyées de part le monde. » Les thématiques représentées sont diverses : la mythologie, les romans d’amour, l’histoire, la nature … Le XVIIIe siècle voit un renouveau. Les tapisseries sont conçues par des peintres et sont alors pensées comme des tableaux. Le XXe siècle marque un nouvel intérêt pour ce support et la création de l’école nationale d’arts décoratifs. « L’objectif est de revenir à la simplicité des origines. » Deux courants font jour. Soit, l’artiste fournit un dessin, ensuite interprété par un lissier, mais certains choisissent d’apprendre le tissage de A à Z et de maîtriser ce médium. De nos jours, la manufacture lance chaque année un appel à projets pour produire une œuvre contemporaine qui restera à l’avant-garde de la tapisserie.
… A la création contemporaine
Ainsi, le projet de Marie Sirgue a été sélectionné en 2016. L’œuvre “Bleue” est tombée du métier le 6 février 2019. Le tissage a lui commencé en septembre 2018. « Avant, il y a eu toute une phase de recherche de couleurs et de matériaux (bambou, coton, soie, laine …), explique l’artiste. Mon questionnement portait sur ce qui pourrait être intéressant à retranscrire. Quel objet tissé de manière industrielle pourrait devenir une tapisserie ? J’étais sur l’idée d’une contrefaçon inversée. » Elle a ainsi choisi une bâche bleue. « C’est un objet manufacturé, neuf, tissé grossièrement. Cette bâche sert aussi d’abri, de protection … c’est un objet aux multiples facettes. » D’après une photographie de l’objet, deux lissières ont travaillé à la reproduire. « L’enjeu était de faire ressortir toutes les subtilités de la bâche. Il y a tout un travail pour retranscrire la lumière du flash, les drapés. Je souhaitais que ce travail fasse écho à l’histoire de la tapisserie, à la profondeur des couleurs, au bleu de Klein. »
M. W.
Horaires en août : Du lundi au vendredi et le dimanche : 14h-18h / Le samedi de 14h à 22h. Plus sur : lemiroirdepoitiers.fr.