A la tête du CRITT Sport et Loisirs à Châtellerault depuis plus de 20 ans, Franck Leplanquais est une boule d’énergie qui regarde le monde avec des yeux différents. Curieux et insatiable, il a apporté à l’établissement un nouveau souffle en s’intéressant aux marchés de niche.
Pour ceux qui le connaissent, il est difficile d’imaginer Franck Leplanquais en élève sérieux et attentif et effectivement ce n’était pas le cas ! Il aimait l’école, mais surtout pour y retrouver ses amis et s’amuser. Il a même redoublé deux classes. « J’étais un élément gênant, mais je n’ai jamais été collé ! Je ne comprenais pas l’école, pour moi, l’Education nationale nous obligeait à répondre à des questions que les élèves ne se sont jamais posé comme les lois de mathématiques ou pire encore le théorème grec de Pythagore … Cela n’avait pas de sens pour moi alors je reformulais à ma façon. » Il obtient néanmoins son bac F1. « Je suis tourneur-fraiseur et dessinateur professionnel de formation mais en parallèle, j’ai appris à développer ma capacité de discernement. » En dehors de l’école, le judo l’anime alors il décide de rentrer à la fac de sport de Poitiers. Cette fois, c’est un succès. « A 26 ans, j’ai décroché mon 5e dan et je faisais partie du pôle France, c’était l’école de la vie. J’étais à fond. » A cette période, il fait une rencontre, celle d’Alain Junqua, professeur à l’université, elle va changer sa vie. « Il m’a dit : “Vous êtes con, mais je vous aime bien !” » Une amitié forte se forge entre les deux hommes. Il passe une maîtrise, puis un DEA sur les sportifs et son environnement matériel de pratique. Franck Leplanquais a trouvé sa voie, mais il ne le sait pas encore. « J’ai rejoint Alain Junqua dans son laboratoire rattaché à la faculté de physique et j’ai commencé à travailler avec lui. » Il réalise un doctorat sur l’analyse cinématographique comme outil de mesure du geste du sportif.
L’envol au CRITT
En 1996, le CRITT se retrouve sans directeur, Alain Junqua le positionne sur le poste.
« Ce qui me plaisait avec le CRITT, c’était d’être l’outil interface entre le monde de la recherche et des entreprises, qui vivait de ces prestations facturées. » Le challenge est relevé. Au départ, l’établissement ne testait que des tapis de judo et les casques de vélo. « Nous n’avions que deux machines. Je n’étais pas sûr de rester, mais comme je suis un compétiteur dans l’âme et que je ne supporte pas de perdre … Je me suis lancé le défi d’aller chercher des marchés de niche. Je me suis intéressé aux arts martiaux, aux casques de ski, je me suis rapproché du laboratoire national d’essais pour les soulager … et petit à petit j’ai mis mon équipe en place et développé ma stratégie pour élargir notre champ des savoir-faire. »
Très attaché à son territoire d’adoption, le Châtelleraudais Franck Leplanquais aime travailler avec le vivier industriel local. « Nous avons plein de talents ici, des sous-traitants de pointe qui peuvent vous réaliser une pièce ou une machine en des temps records. » Gilet de sauvetage, vélo, lunette, casque et différentes protections de moto … aujourd’hui le CRITT Sport et Loisirs propose un catalogue large de prestations dont la certification, il compte 30 salariés et réalise 2,8 M€ de chiffre d’affaires. Demain, ses projets se tournent vers les nouvelles matières sportives, les JO de Paris 2024 et une volonté forte de créer un pôle régional de compétences en travaillant en collaboration avec les CRITT de Rochefort et La Rochelle. « Il en faut peu pour être heureux, il faut se satisfaire du nécessaire ! C’est Baloo qui le dit dans “Le livre de la jungle” et je trouve que c’est la meilleure des philosophies de vie ! »
Lydia de Abreu