Il est l’un des quatre co-fondateurs des Usines à Ligugé, Denis Meunier est un spécialiste de patrimoine industriel. Parallèlement, collaborateur d’architectes des monuments historiques, il souhaite continuer à développer ce site en lieu poétique.
L’amour des machines est né dès sa tendre enfance, fils d’un ingénieur en process, Denis Meunier adorait observer le mécanisme des machines que son père créait. Ses parents ont été les co-fondateurs des “Gens de Cherves” à qui l’on doit la réhabilitation du moulin Tol. « J’ai baigné dans cet esprit d’éducation populaire. Je pense que c’est la frustration de ne l’avoir pas vécu qui m’a poussé à réaliser d’autres constructions collectives. » Passionné par le patrimoine industriel, il se forge une forte culture et guette d’éventuels sites à réhabiliter. Pendant son stage de fin d’études, il découvre que l’ancienne usine à chanvre d’Ouzilly va être démolie. « Je me suis battu pour la sauver, elle faisait partie des 3 seules usines en France à posséder un prototype rare permettant la transformation de la tige de chanvre en filasse. Le maire a cru en mon projet, nous avons nettoyé le site, récupéré les éléments architecturaux et cristallisé les murs. Le lieu revit et sert à des événements locaux. » Enchanté par cette première expérience, il a ensuite apporté ses connaissances en matière de patrimoine industriel à Hélène Gherman pour sa distillerie à Saint-Pierre-de-Maillé. Poursuivant sa route, il se lance avec des amis dans la fabrication de machine pour les spectacles de rue. N’étant pas tous dans le même état d’esprit, de développement, il quitte la troupe pour reprendre ses études en alternance dans un cabinet d’architectes. « Je voulais être du côté des faiseurs, mais pour cela, il m’a fallu apprendre la rigueur et l’exigence des choses bien faites. »
La découverte de « la cour des miracles »
C’est en 2007, que Denis Meunier et son ami Franck découvrent la filature de Ligugé.
« C’était la cour des miracles, le lieu de tous les possibles. Cette usine était l’un des fleurons industriels de la Vienne entre 1860 et 1940. Après sa fermeture dans les années 70, elle est devenue le lieu de référence de la culture underground. Beaucoup de choses ont été lancées ici. » Deux ans plus tard, le propriétaire de l’usine, les contacte pour les mettre en relation avec deux autres repreneurs potentiels. « Nous nous sommes rencontrés et nos idées coïncidaient. Nous avons écrit un manifeste et proposé notre projet pour sauver l’ancienne filature. » Après avoir dépensé beaucoup d’énergie dans les démarches administratives, « à cœur vaillant, rien d’impossible », le quatuor devient co-propriétaire du site en 2010. Aujourd’hui, cette zone d’activités d’un autre genre réunit 27 entreprises qui génèrent plus de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires et 250 adhérents. « Nous avons réussi à créer un terreau favorable à la création et au travail. Certaines entreprises se positionnent sur des marchés de niche, d’autres ont le vent en poupe, elles sont alignées avec elles-même. A l’usine, on y va en trainant les pieds, aux Usines, on y vient avec le sourire ! » Aujourd’hui, les Usines poursuivent leur reconversion, le fab lab devrait encore pousser ses murs. Et demain, elles veulent se tourner vers le développement durable et la culture du patrimoine industriel. « Je ne me suis jamais autant senti à ma place, tout est en perpétuelle évolution ici et notre objectif est d’être un lieu de tous les possibles accessibles. »
Lydia De Abreu
Rendez-vous avec Denis Meunier pour les Journées du patrimoine, les 21 et 22 septembre. Site : journeesdupatrimoine.culture.gouv.fr.