Jusqu’au 19 janvier 2020, l’événement Traversées habillera les rues et les bâtiments de Poitiers. Une trentaine d’œuvres contemporaines sont installées au cœur de la ville permettant ainsi de (re)découvrir le patrimoine poitevin.
Après de nombreux mois de préparation, Poitiers vient d’inaugurer Traversées, un nouvel événement culturel qui lie création contemporaine et patrimoine. La manifestation participe plus largement à la réflexion pour imaginer le devenir du quartier du Palais, et notamment celui du Palais des Ducs d’Aquitaine, ancien tribunal rendu à la vie civile.
C’est dans cet écrin que la ville a donné carte blanche à l’artiste sud-coréenne Kimsooja. A travers ses œuvres et celles d’autres artistes invités, les habitants, les touristes découvrent ou redécouvrent les lieux. La création contemporaine vient révéler le patrimoine.
Ainsi, au sein de la salle des pas perdus, à l’intérieur du Palais, l’installation Archive of Mind prend place. Depuis les années 90, la salle et l’ensemble des bâtiments n’étaient accessibles que pour ceux qui se prêtaient au jeu de la barrière de sécurité. Là, chacun peut venir admirer cette salle qui a accueilli des banquets, vu défiler des rois, des présidents …, ainsi que les majestueuses cheminées qui l’ornent. Et comme pour faire écho à ce passé prestigieux, une grande table ovale a été dressée en son milieu. Chacun est invité à prendre un peu d’argile, à s’assoir et à façonner une boule. Chacun prend un moment pour créer, se recentrer, tout en étant avec les autres. Ensemble, une constellation se crée petit à petit.
Deuxième lieu phare de ce site, la tour Maubergeon accueille To Breathe. Des miroirs posés au sol transforment l’espace et viennent démultiplier l’architecture, notamment les très belles voutes en ogive ou encore les vitraux. Le visiteur plonge dans cette immensité de miroirs et se demande où est le sol.
Enfin, la cour d’assises a été transformée en salle de cinéma et permet de visionner le sixième et dernier chapitre de Thread Routes. L’artiste Kimsooja a filmé des gestes menacés par la mondialisation, entre art et anthropologie, des tatoueuses de henné, des fabricants de carrelage, des assembleurs de mosaïque … « Kimsooja est une femme aiguille qui raccommode les récits, les histoires, indique Emma Lavgne, commissaire de l’événement. Les gestes, leur répétition, comme des rituels la fascine. » Et pour sortir du Palais, le visiteur pourra emprunter la ruelle à l’arrière du bâtiment et ainsi traverser ce site comme il y a trente ans.
Des œuvres au cœur de la ville
D’autres œuvres ont pris place dans les rues de Poitiers. Des drapeaux claquent au vent dans la rue de la Cathédrale. Un container avec les affaires de Kimsooja a été installé sur le parvis de la cathédrale. Intitulée Bottari, l’installation fait référence à ces petits balluchons que l’on transporte et fait ainsi écho au voyage, à sa condition d’artiste nomade.
De la crypte de Sainte-Radegonde au Confort Moderne, en passant par le cloître de Canopée, le baptistère Saint-Jean, la chapelle Saint-Louis, la Maison de l’architecture ou le musée Sainte-Croix, le visiteur est invité à venir découvrir chaque œuvre dans son élément. Pour certaines, tout à chacun peut aussi participer. Il y a bien sûr Archive of Mind, mais aussi le projet de Lee Mingwei, The Mending Project où chacun apporte un vêtement à repriser pour mieux tisser des liens avec les autres. Il y aussi la cuisine de Sudobh Gupta qui invite au partager ou les balades de Thomas Ferrand pour découvrir la cuisine des plantes sauvages. Ce sont autant d’expériences à voir et à vivre.
M. W.
Programme : www.traversees-poitiers.fr.