Info-éco / Comment vivez-vous cette période si particulière ?
Richard Lazurowicz / La situation est difficile. Les entrepreneurs se posent de très nombreuses questions et c’est légitime. Dans tous les cas, il faut continuer d’échanger, de discuter, à l’intérieur de son entreprise, comme avec d’autres dirigeants.
Info-éco / Quelle est votre position sur l’arrêt ou non de l’activité des entreprises ?
R. L. / Lundi soir, la communication gouvernementale n’a pas été claire. De nombreux chefs d’entreprise s’attendaient à devoir fermer dès mercredi ou au moins pour certaines régions. Le Président de la République a prononcé le mot guerre, mais n’a pour autant pas dit de fermer les entreprises. Les salariés expriment des craintes, de la peur et je le comprends. Il faut expliquer les mesures du Gouvernement. Les employés qui peuvent télé-travailler doivent le faire et rester chez eux. Pour les autres, ils doivent continuer d’exercer leur activité professionnelle (en dehors des activités concernées par les fermetures obligatoires), qu’ils soient dans des entreprises de l’agroalimentaire ou non. La loi ne dit pas autre chose. L’entreprise doit continuer d’exercer son activité tant que les conditions sanitaires sont respectées, que les gestes barrières et la distanciation sont respectés.
Info-éco / Plusieurs dirigeants s’inquiètent de ne pouvoir mettre en place ces règles …
R. L. / Je reconnais que ce n’est pas facile. Nous vivons quelque chose d’inédit et c’est bien normal d’avoir des craintes. Notre rôle d’entrepreneur est de veiller à la santé de nos salariés et de sa famille. C’est notre première priorité. Nous ne dérogerons pas aux règles sanitaires établies. Après, de mon côté, chaque salarié a fait remonter les situations où il pouvait y avoir un problème : un écran qui est touché par plusieurs personnes, une distance insuffisante entre deux employés … et nous y avons remédié, question après question. La priorité est de rappeler les gestes barrières et la distance d’au moins un mètre entre deux personnes. Il n’y aura pas d’exception à ces règles. Après, nous avons toutes les lois pour travailler correctement.
Info-éco / L’arrêt de certaines activités signifie que d’autres ne pourront continuer …
R. L. / Le ministre de l’Economie Bruno le Maire l’a redit, il invite les salariés à se rendre sur leur lieu de travail pour assurer la sécurité économique du pays, la solidarité entre entreprises doit s’appliquer. Car notre deuxième priorité est la santé de l’entreprise. Dans ces moments où nous pouvons encore travailler, nous devons continuer. Au fur et à mesure, plusieurs de nos sous-traitants s’arrêtent faute de commandes des grands groupes qui s’arrêtent également. Certains n’ont ainsi plus de travail. Après je ne critique pas les arrêts, je les comprends, c’est beaucoup de pression de toute part. Si certaines collectivités se sont engagées à ne pas appliquer les pénalités de retard, ce n’est pas le cas partout. Pour les marchés d’Etat, elles ne seront pas appliquées, cela a été dit. Pour les collectivités, cela dépend. Pour Grand Poitiers, les retards ne seront pas comptabilisés, ce n’est pas le cas dans mon activité pour des corbeilles que nous devons livrer à Grand Lyon ou le mobilier pour des stations de la RATP. Aujourd’hui, nous pouvons produire, nous avons l’approvisionnement. Les Italiens, n’ont pas arrêté leur production non plus … Au retour à la normale, les commandes vont s’amonceler et on ne pourra pas « rattraper » ce retard … Je comprend les angoisses des boulangers, des caissiers, des professions en contact avec le public … il faut faire de la pédagogie, échanger, mais aussi penser à l’avenir et à l’activité quand tout pourra redémarrer.