Les artisans à la reprise

La présidente de la Chambre de métiers et de l’artisanat, Karine Desroses et la préfète de la Vienne, Chantal Castenot ont profité du déconfinement pour aller à la rencontre des artisans ayant repris leur activité. Entourées d’élus, de députés, de représentants de fédérations professionnelles, elles se sont ainsi rendues sur un chantier, dans un institut d’esthétique, une boucherie et un salon de coiffure. Mardi 26 mai, en début d’après-midi, leur premier arrêt a donc été pour le chantier de réhabilitation du Moulin d’Anguitard, sur Chasseneuil-du-Poitou. L’activité a ainsi repris le 4 mai après sept semaines d’arrêt. « La première semaine, nous étions deux entreprises sur place au lieu de 7 à 8 habituellement, explique Dominique Le Jalle, conducteur de travaux pour Boutillet. Mais cela nous a permis de mettre en place les choses. Progressivement, le nombre d’entreprises et de compagnons augmente, dans le respect des consignes sanitaires. Cette semaine, nous sommes cinq sociétés à intervenir. Chacun prend ses marques. » L’activité redémarre. Globalement sur la Vienne, plus de 80 % des chantiers ont repris. 

Gel, masque, désinfection du matériel, des véhicules … des protocoles ont été mis en place. « Sur la désinfection, les équipes ont déjà des habitudes de prise, ne souhaitant pas ramener de poussière à la maison par exemple. Le plus dur est le port du masque avec la chaleur … » « De notre côté, le plus compliqué a été de trouver du gel et des masques pour la reprise des salariés », indique Patrick Moreau, dirigeant d’OCIH (Office du confort et isolation de l’habitat). L’achat de matériel de protection et le temps de désinfection constitueraient un surcoût de 8 à 15 % pour les entreprises du bâtiment. « Ce sont des coûts qui impactent bien sûr la rentabilité de l’entreprise, note Jérôme Beaujaneau, président de la Fédération du bâtiment de la Vienne. Les maîtres d’œuvre devront prendre leur part et participer à l’effort commun. Il n’y a pas d’homogénéité en la matière pour l’instant. »

Patrick Moreau s’inquiète également de l’approvisionnement de certains matériaux. « Certains de nos fournisseurs nationaux ne sont pas au rendez-vous, notamment sur le verre. » Une situation confirmée par Jérôme Beaujaneau : « Les entreprises locales de fourniture se sont remises au travail et ce même avant la date du déconfinement, par contre des distributeurs nationaux sont toujours en mode dégradé. » Une situation qui pourrait encore allonger les délais de livraison, alors que les mois de confinement ne seront pas rattrapés. Et que la demande des particuliers a repris. « Ils limitent les visites d’artisans et les devis, la prise de décision est donc plutôt rapide. Derrière, il faut donc que nous soyons au rendez-vous. »

A savoir : Le chantier du Moulin d’Anguitard, commencé en avril 2019 et théoriquement livré pour fin 2020, ne le sera sûrement qu’au printemps 2021. Le chantier consiste en une réhabilitation totale du bâtiment, une redistribution des espaces (pour un budget total de 6,5 M€). Ainsi, ce sont désormais 1 600 m2 qui abriteront l’école de danse, un auditorium de 100  places, une salle d’exposition, l’école municipale de musique et plusieurs salles de réunions.