A tout juste 30 ans, la jeune femme a tout plaqué pour ouvrir son propre salon de coiffure et barber shop dédié aux hommes, le Fauteuil 54.
A deux pas d’Exclusive Men, le Fauteuil 54 vient d’ouvrir ses portes, un salon de coiffure-barbier qui détonne dès l’entrée. L’ambiance est cosy, de beaux sièges font face au grand miroir. L’inspiration des barber shops américains est bien présente. A tout juste 30 ans, Audrey Taveau est l’heureuse propriétaire de ce nouveau salon. « Je voulais revenir à mon métier d’origine. Poitiers méritait de la nouveauté et je voulais sortir du cliché de la coiffeuse classique. » Cette pétillante poitevine commence par un CAP et deux brevets en coiffure au campus des métiers à St-Benoît. Elle passera par l’équipe de France de coiffure pendant deux ans, avec comme spécialité le chignon, un univers bien loin de celui du poil. Après six ans en apprentissage à Poitiers, elle décide de partir à l’étranger et va à Londres, les Etats-Unis ou encore sur les bateaux de croisières de la Royal Carribean Cruises. C’est d’ailleurs grâce à cette expérience qu’elle se forme à la taille de barbe. « Ces navires, c’est un autre univers. Chacun est payé à la prestation, il faut aller chercher les clients, vendre à tout prix et ne pas compter ses heures. Ce n’était pas pour moi, après c’était une super aventure en terme d’ouverture d’esprit, à côtoyer de nombreuses nationalités. » L’expérience de barbier lui plaît, mais un grave accident l’oblige à remiser ses ciseaux au placard. Elle devient commerciale dans les produits cosmétiques et couvre cinq départements dont la Vienne, pendant trois ans. Ces ciseaux lui manquent. Il y a un an, elle plaque tout pour construire son projet de salon. Elle monte se former auprès de la Barbière de Paris. « L’établissement est très bien coté. Il y a un vrai respect de la peau, des poils, une qualité de soins que je voulais pour mon propre salon. »
Un espace dédié aux hommes
Le Fauteuil 54 est un salon de coiffure et barber shop dédié aux hommes. « Ce type de commerce n’existait plus sur Poitiers. Je souhaitais vraiment me spécialiser pour crédibiliser mon service. C’est un espace que j’ai créé pour eux. Ils sont simples, sans futilités, directs, c’est un public qui me plaît. » La mode hipster, les acteurs qui portent la barbe, le milieu militaire, la police ou le secteur médical où elle est toléré si elle est bien taillée … « C’est tout un ensemble qui fait qu’elle est plus acceptée aujourd’hui, mais il faut qu’elle soit travaillée ! Dans ce domaine, il y a avait un vrai manque sur Poitiers et une demande pour ce type de salon atypique. »
Audrey Taveau s’est donc lancée. « J’y ai mis mon énergie, ma passion. J’ai du caractère. Je prends un risque, même s’il est mesuré. J’ai en tout cas été très bien accompagnée. » Elle a été suivie par l’Adie, a reçu la bourse régionale Désir d’entreprendre, le prix coup de cœur d’un concours organisé par KPMG, un soutien de la Fondation de la seconde chance et est actuellement en finale pour le concours du Crédit Agricole. « Tout est à moi, il n’y a pas d’autre investisseur. Je n’avais pas le choix, les budgets montent vite. Il faut aller chercher des ressources à l’extérieur si je voulais aboutir. J’ai eu de moments de doute et puis avec les concours, je me suis dit si eux y croyaient, moi aussi. Le plus difficile dans le parcours de créateur, c’est le côté administratif. A un moment, j’avais l’impression de ne plus avancer, de ne faire que remplir des papiers. Et puis j’ai trouvé le local, un ancien kebab, et tout s’est accéléré. » Elle a ouvert début septembre le Fauteuil 54. « Le Fauteuil, c’est une revanche. Avec l’accident, j’aurais pu finir en fauteuil roulant et le 54 est un hommage à un parrain que j’ai perdu. C’est ainsi dire que même si la vie est difficile, on peut rebondir, tout transformer. »
Mathilde Wojylac
Plus : Page Facebook du Fauteuil 54.