« C’est une assemblée plénière exceptionnelle et inédite », souligne Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine en ouverture de la journée du mardi 9 juillet dédiée à la transition écologique. « Je ne crois pas qu’une autre collectivité ait jamais présenté un ouvrage et une réflexion aussi complète sur la résilience et la résistance au changement climatique. » Le travail a commencé par une réflexion sur les impacts du réchauffement climatique sur l’Aquitaine, puis s’est étendu à tout le territoire régional. « Le défi était de réfléchir à l’échelle d’une région alors que le réchauffement n’a pas de frontière. Pourtant, on observe une augmentation de la moyenne des températures saisonnières, une avancée dans la date des vendanges et un degré plus élevé sur les vins, mais aussi l’étiage du bassin de la Garonne qui diminue, les réserves d’eau potable que l’on doit aller chercher plus loin. » A travers les rapports d’AcclimaTerra, puis d’EcoBiose, créé à Chizé dans les Deux-Sèvres, la Région a ainsi pu définir sa feuille de route, Néo Terra. « Nous sommes la seule région à avoir mobilisé la chair universitaire, scientifique avec près de 450 chercheurs qui présentent leurs analyses et ont de très nombreuses publications. Les résultats vont tous dans le même sens : il y a une diminution de la biodiversité avec la disparition de certaines espèces, la baisse du nombre d’insectes. Mais si le réchauffement climatique est devant nous, cette baisse de la biodiversité est derrière nous. Ce n’est pas irrattrapable, mais les décisions doivent être prises. C’est important pour la vie de la terre, pour notre vie. Maintenir cette biodiversité, la renforcer, c’est aussi plus de productivité agricole (+15 % de production forestière, +30 % de productions végétales en présence d’abeilles …), ainsi qu’une meilleure vie en ville (lutte contre l’imperméabilisation des sols, végétalisation des espaces …). Mais il faut adapter notre organisation des villes, notre organisation des campagnes. » Le président évoque alors la disparition des pesticides, le biomimétisme, la lutte contre de nouvelles espèces invasives, le maintien des élevages, la lutte contre la pollution, les perturbateurs endocriniens, la réutilisation des eaux usées … « Nous sommes dans une double logique : comment réorganiser notre vie, les transports, le travail et restaurer la biodiversité ? Comment massifier en changeant de modèle économique et social ? »
Accompagner les acteurs
C’est ainsi que le texte adopté par l’assemblée régionale lors de cette session extraordinaire donne les grandes lignes directrices traduites en 11 ambitions et 86 fiches action. Et cette liste devrait s’affiner, s’enrichir au fil des mois.
« C’est un travail considérable, une analyse du réchauffement climatique en région, mais aussi comment on agit. Je suis assez fier qu’une telle initiative puisse aboutir à un tel document. » Alain Rousset ajoute : « Par contre plusieurs rapports renvoient à 2050. Cette date me pose problème. C’est pourquoi nous resterons à des objectifs pour 2030. Il n’y a pas à renvoyer à nos enfants, ce n’est pas acceptable. Nous devons tracer un chemin, avancer. Nous avons choisi d’anticiper, d’embarquer, de garantir. »
Sur l’anticipation, Alain Rousset évoque l’usine du futur, la rénovation thermique des logements, l’agroécologie, le développement des véhicules électriques, les produits alternatifs, l’économie circulaire, l’éducation à l’environnement … « Il faudra également faire attention à remettre l’humain dans nos projets car si l’on ne s’empare pas de ce volet social, on ne règlera pas le problème. »
Si la Région se veut exemplaire, elle souhaite embarquer à ses côtés les collectivités, mais aussi les industriels, le monde agricole, la recherche …
« Passer à un nouveau modèle présente des risques — même si celui-ci a été démontré. C’est pourquoi pour les agriculteurs par exemple, il existe un fonds de garantie pour permettre le maintien des revenus. Il faut convaincre plutôt que commander, en accompagnant et en dérisquant. » Ainsi, par rapport aux entreprises, la Région accompagnera celles qui souhaitent diminuer leur consommation d’énergie, revoir leur processus de production pour des pratiques moins énergivores par exemple ou encore dans la recherche de produits bio-sourcés.
M. W.
Le détail des 11 ambitions sur : nouvelle-aquitaine.fr.