Située à Saint-Pierre-d’Exideuil, l’entreprise fait partie des leaders européens dans la fabrication de lames de tondeuse. Dans l’attente d’un rebond du marché agricole, elle se bat et développe son savoir-faire à l’international.
Blount International Civray, un nom qui sonne américain. Et pour cause, l’héritière de PBL (entreprise créée en 1929 du nom de ses créateurs Portejoie, Brunet et Lavaud) a rejoint ce groupe basé dans l’Oregon à Portland en 2011 avant de changer de nom trois ans plus tard. Saint-Pierre-d’Exideuil est finalement leur unique site européen de production — les autres se trouvent aux États-Unis, Canada, Brésil et Chine — où sont fabriquées des pièces agricoles coupantes et notamment des lames de tondeuse. Un leader européen sur ce marché. Chez Blount un seul autre site en produit : il est de l’autre côté de l’Atlantique à Kansas City.
« Nous avons l’esprit d’une PME, mais l’apport d’un groupe », résume Patrick Baré, le directeur de l’usine. Sur son site, 150 salariés travaillent 7 jours sur 7 et 24h sur 24. « En ce moment, nous sommes au plus fort de notre saison, c’est toujours le cas entre les mois d’octobre et d’avril », précise-t-il. Son entreprise s’étale sur plus de 11 000 m2 de bâtiments. Ici, il y a des lames partout. L’activité va du travail de l’acier dans des fours à plus de 900°C au façonnage, poinçonnage, marquage, à la peinture. « Nous transformons 6 000 tonnes d’acier chaque année, dont 6 millions de lames de tondeuse », indique Guénaël Oliveri, responsable de la production.
La concurrence de la Chine s’étiole
Pourtant l’activité a connu une certaine baisse. « En 2000, nous avions dépassé le cap des 10 millions de lames de tondeuse produites dans l’usine. Ce business a tendance à nous échapper, on a du mal à se positionner dessus à cause du coût beaucoup plus bas que celles venant de Chine », explique Patrick Baré. Il ambitionne de récupérer des clients d’ici un ou deux ans, car certains quittent déjà la Chine.
Pour lutter, Blount International Civray a donc dû conquérir de nouveaux marchés. « Depuis deux ou trois ans, nous souffrons beaucoup. Nous attendons un rebond dans le marché agricole, mais il tarde à venir. Nous sommes donc allés le chercher en Allemagne et aux Etats-Unis », explique le directeur. Leurs clients sont de grandes marques de l’agriculture : Kuhn, New-Holland … L’export représente 65 % de leur production. Une stratégie agressive qui assure un développement.
D’ailleurs, l’entreprise vient de décrocher un contrat qui devrait lui permettre d’augmenter son chiffre d’affaires de 2 millions (il est actuellement de 17 millions d’euros, l’objectif est d’atteindre 20 millions en 2020). Blount International Civray va fabriquer une pièce spécifique d’une ensileuse pour John Deere.
L’entreprise a de quoi voir venir devant elle et compter améliorer quelques points en investissant dans de nouvelles machines, mais aussi en embauchant. « Une dizaine de personnes sur les trois ans à venir, précise Patrick Baré. Vous savez, c’est parfois compliqué d’attirer des gens à Civray. » Autre réflexion en cours, la réduction de la facture énergétique, qui représente tout de même 6 % du chiffre d’affaires. « Nous avons fait le pari de l’électrique, mais avec l’augmentation, c’est difficile à gérer », conclut le directeur.
Julien Privat