Camille Maupin a repris fin 2017, l’Atelier Petit, spécialisé dans les costumes d’audience sur-mesure. La jeune femme a su moderniser l’entreprise et compte bien aller encore plus loin.
En France sept ateliers de confection réalisent des robes pour les magistrats, les avocats, les enseignants à l’université. L’un des trois plus importants se trouve à Mignaloux-Beauvoir, il est dirigé par Camille Maupin.
La jeune femme a toujours voulu travailler dans la mode, imaginer ses propres vêtements. « Je voulais créer et apporter une nouvelle façon de voir les choses. » Elle rejoint l’Académie internationale de coupe parisienne pour se former aux métiers de l’atelier : conception, fabrication et modélisme. « C’est cette dernière partie qui m’intéresse particulièrement, de réaliser le patronage à partir d’un croquis, de partir d’un dessin et de le retranscrire sur un patron pour que la couturière ait toutes les indications. »
Après ses études, Camille Maupin revient dans la région et se pose la question de créer sa marque. Par hasard, elle tombe sur l’annonce de Mme Petit qui souhaitant prendre sa retraite et vendre sa société. Soutenue par son père, à 25 ans, elle investit. « Oui, c’est une entreprise créée par une femme et reprise par une femme ! Je me suis dit que c’était un bon point de départ avant de créer ma propre société. Gérer une entreprise qui existe et en créer une, c’est à la fois très différent, mais il y a aussi des parallèles. Je me forme au côté administratif. Je prends de l’expérience avec toujours pour la suite, l’envie de concrétiser mon projet de marque. »
L’entreprise était déjà bien installée dans le domaine du costume d’audience sur-mesure. « Je souhaitais apporter un coup de jeune, tout en conservant la qualité et le travail. C’est un vrai challenge de moderniser l’entreprise tout en restant attentif au service du client. Mais, je suis quelqu’un d’optimiste et pour moi, il y a toujours une solution. »
Aujourd’hui, la société compte 9 personnes, dont six couturières. « Il y a, à la fois, des anciennes et des nouvelles. Viviane, par exemple, la première salariée de Mme Petit est encore là. Elle m’a appris tout ce qu’il faut savoir sur les robes, les codes, les couleurs, les pièges à éviter … Ma jeunesse n’a pas posé de problèmes au sein de l’entreprise. Au contraire, nous pouvons nous adapter à une jeune avocate sortie d’études, comme à un haut magistrat qui renouvelle sa robe pour la deuxième partie de sa carrière. Quant au fait d’être une femme, j’apporte mon regard différent. Sur un vêtement, nous sommes peut-être plus attentives au toucher, à l’esthétisme, au visuel dans son ensemble. »
Coup de jeune dans l’entreprise
L’entreprise a déménagé de Saint-Benoît pour venir s’installer à Mignaloux-Beauvoir, sur la zone économique de Beaubâton. Ainsi en triplant l’espace, les ateliers ont été réagencés et repensés, les locaux administratifs également et une partie showroom installée. Toutes les machines ont été remises aux normes. « L’équipe travaille dans un espace agréable, lumineux. »
Depuis un an et demi, tout un travail sur les robes a également été entrepris. La gamme des tissus a changé. « Tout en respectant les codes, si le client le souhaite, nous proposons des personnalisations. A l’intérieur ou à l’extérieur de la robe, nous pouvons les réaliser. Nous essayons d’apporter un peu de créativité à un univers assez strict et linéaire. Le costume n’est pas seulement un outil de travail, la personne peut se faire plaisir. C’est aussi concrétiser sept ans d’études ou une évolution de carrière. »
Camille Maupin a également décidé de s’orienter vers une production 100 % française. Tissu, fil … elle s’assure au fur et à mesure que toutes les matières premières sont fabriquées en France (aujourd’hui, le pourcentage est de 70 à 80 %). « Ce qui m’importe surtout, c’est la traçabilité du produit. Je vais vers des tissus éco-responsables (matières végétales, fabrication équitable, prise en compte du recyclage …). C’est important pour moi de prendre en compte le respect de l’environnement, sans pour autant négliger la qualité du tissu. » Le site internet a également été refondu, notamment pour attirer les jeunes générations.
L’entreprise est connue sur toute la France (et dispose d’une boutique à Paris), mais envoie aussi des robes à l’export. Camille Maupin souhaite d’ailleurs développer davantage cet aspect. Cette activité peut représenter 10 à 20 % du chiffre d’affaires à l’année et notamment vers les pays africains.
M. W.