Lors du 101e Congrès de l’AMF, l’Association des maires de France, du 19 au 22 novembre à Paris, de nombreux élus ont fait part de leur mécontentement et de leurs inquiétudes. Gérard Herbert, maire de Chauvigny relève un « pessimisme général ». Gilles Morisseau, maire de Biard, a ressenti de l’abattement dans l’assemblée. Alain Pichon, président des Maires de la Vienne, fait part d’une certaine « morosité » rencontrée chez ses collègues. D’après une étude de l’Observatoire de la démocratie de proximité, près de 50 % des maires ne se représenterait pas aux prochaines élections. « Je ne crois pas que nous atteignons ce taux en Vienne, mais nous entrons dans le dernier tiers du mandat, il y a de l’usure, couplée à des difficultés à exercer. »
De nombreux élus ont été « déçus » qu’Emmanuel Macron ne se déplace pas au Congrès comme il l’avait promis en 2017. « Quand un président de la République ne tient pas ses promesses … Et le Premier Ministre n’a pas apporté grand-chose. Certes la taxe d’habitation sera compensée, mais elle ne sera pas indexée sur l’inflation. Dans cinq ou dix ans, nous craignons un écart. La commune ne disposera plus de levier fiscal direct, mais sera soumise à la volonté budgétaire de l’Etat. Nous avons déjà vécu cette situation avec la dotation générale de fonctionnement. Certes au niveau national, il n’y a pas de baisse, mais en Vienne 155 communes ont été touchées, c’est juste impossible. »
A ce propos, les 40 maires de Grand Poitiers ont écrit une lettre ouverte au Président de la République qui a été remise à la Ministre des relations avec les collectivités territoriales, Jacqueline Gourault. Ils pointent les baisses de dotations et alertent sur l’équilibre des budgets. « L’Etat doit réagir de façon durable au cri d’alerte des Maires. » Gérard Herbert relate cette injustice exprimée : « Notre potentiel fiscal n’a pas été pris en compte alors que les collectivités ont joué le jeu de la fusion. » Gilles Morisseau a également signé ce courrier. « Les disparités de versement ont pénalisé les communes, il faut revoir le mode de calcul. Même si Grand Poitiers a choisi de compenser cette année par le biais de l’investissement, cela ne résout pas le problème pour le budget de fonctionnement. »
Chauvigny fait partie des communes concernées par cette baisse de dotations. Gérard Herbert voit les effets néfastes de cette diminution sur les investissements, les services. « Tout le monde est inquiet pour les années à venir, mais je n’ai pas l’impression que le chef de l’Etat se rende compte de cette situation. » Plusieurs élus ont pourtant fait remonter des problèmes pour équilibrer les budgets, mener à bien des travaux. « De nombreux maires ont exprimé des difficultés qui doivent aujourd’hui être entendues », indique Gilles Morisseau.
Alain Pichon reste attentif. « Aujourd’hui, chacun souhaite améliorer les choses, mais il nous faut des preuves de confiance. La commune ne peut pas être une coquille vide, sans compétences et capacités financières. »
M. W.