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Dominique Clément : « Il n’y a pas d’idée sans prise de risque »

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Dominique Clément : « Il n’y a pas d’idée sans prise de risque »

Le vice-président au Département en charge du tourisme, Dominique Clément revient sur la politique de la Vienne en la matière. Il développe aussi les nouvelles relations qui s’établissent avec la Région ou les Deux-Sèvres.

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Le vice-président au Département en charge du tourisme, Dominique Clément revient sur la politique de la Vienne en la matière. Il développe aussi les nouvelles relations qui s’établissent avec la Région ou les Deux-Sèvres.

Info-éco / Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Dominique Clément / Je suis Poitevin de naissance et d’attachement. Je suis parti à Paris, mais je suis revenu. J’ai une formation d’économiste et de gestionnaire. Je suis notamment passé par un master en sciences de gestion à l’IAE de Poitiers. Pendant 17 ans, j’ai été chef d’entreprise d’une société de conseil en communication, essentiellement auprès des collectivités. J’ai été directeur du comité régional du tourisme jusqu’en 2003. En 2001, je suis devenu maire de Saint-Benoît et l’année dernière, j’ai été élu au conseil départemental.

Info-éco / Vous avez été élu récemment président de l’IAE de Poitiers. Quel est votre rôle ?

D. C. / Je suis un ancien de l’IAE et très attaché à cette structure. Ma première mission est de renforcer le position de l’IAE au sein de l’université de Poitiers. En consolidant ces liens, c’est finalement les deux structures qui seront gagnantes. Il est le 2e IAE de France, après Lyon et devant Nantes. Mon rôle est aussi de participer au développement de l’école, elle est encore sous-estimée dans le département comme ailleurs. C’est pourtant un des fleurons de la Vienne et dans la grande région, il doit servir de drapeau. Enfin, l’IAE est une maison beaucoup plus forte et importante que son image ne le laisse entendre. Il nous faut développer la marque au niveau des anciens élèves, comme des entreprises. C’est une structure appréciée, mais sous-estimée.

Info-éco / Quel est votre rôle en tant que vice-président du conseil départemental en charge du tourisme ?

D. C. / La Vienne a une activité touristique sous-estimée. C’est pourtant le premier département touristique de l’intérieur avec 870 000 euros de chiffre d’affaires généré par an. Nous avons un beau département, même si nous n’avons pas la mer ou la montagne. Le tourisme est ici une création politique. René Monory a créé le Futuroscope, mais il a aussi initié une stratégie en parcs et pôles. Les suivants ont continué dans cette logique. Ce n’est pas l’ADN naturel du département, mais nous nous le sommes approprié. L’objectif est d’atteindre un milliard d’euros de chiffre d’affaires généré par le tourisme d’ici 2021. Ce projet politique s’est complexifié avec la loi NOTRe. Tout d’abord, l’activité économique n’est plus du ressort du Département, mais de la Région. Deuxièmement, le tourisme est une compétence partagée entre la Région, le Département et les communautés de communes. Enfin, la Région ne peut pas déléguer au Département le développement économique. Le système est donc bloqué. En Vienne, le tourisme est le résultat d’une volonté interventionniste des politiques. Si aucun accord n’est trouvé pour débloquer la situation, il sera difficile de mener à bien les projets. J’espère que le Conseil d’Etat va corriger cela et clarifier les choses en permettant aux Département d’intervenir économiquement quand il s’agit d’une activité touristique.

Info-éco / Quelle est la place de l’Agence de créativité et d’attractivité de la Vienne dans la politique touristique ?

D. C. / Au niveau national, pourquoi les entrepreneurs touristiques viendraient chez nous pour implanter leur projet ? Le Futuroscope est une adresse internationale. Le Département a un savoir-faire sur ingénierie touristique. Elle sait gérer et coordonner de grands projets. Est-ce que ce savoir-faire, nous ne pouvons le mettre à profit pour d’autres dossiers. A défaut d’avoir de l’argent, nous proposons des services, des partenariats. Info-éco / Qu’en est-il des relations avec la Région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes ? D. C. / J’ai déjà suivi des réunions avec les 11 autres départements. Un schéma de développement stratégique est en cours de réflexion. Un constat s’impose : pour être pertinent, il faut être grand, en dessous, nous ne sommes que des nains. La nouvelle région est un territoire pertinent avec de nombreux atouts, une offre très riche en matière touristique. Elle peut être comparée à un orchestre composé d’excellents musiciens. Mais, pour que ce ne soit pas une cacophonie, une partition doit associer tout le monde. In ne faut pas seulement de bons ingrédients pour faire une bonne sauce, mais aussi une bonne recette. Pour peser dans ce nouveau concerto qui est en train de s’écrire nous devons avoir une offre, un discours cohérent, des acteurs organisés, une crédibilité. Cette grande région arrive en même temps qu’il y a une redistribution des compétences, c’est une des difficultés. L’enjeu est que le Département reste un acteur touristique. Nous écrivons de notre côté, notre plan de développement stratégique, ce sera notre pierre à l’édifice. Info-éco / Sur le sujet du tourisme, quelles relations avez-vous établies avec les Deux-Sèvres ? Il y a une réelle convergence des projets. Dans la nouvelle région, plusieurs noms ressortent : Pays Basque, Landes, Béarn … En comparaison, les Deux-Sèvres ou la Vienne sont plus faibles. Derrière le nom du Poitou, il y a un historique. Nous sommes en train d’élaborer une marque, un nom qui résonne, une offre.

Info-éco / Des Etats généraux du tourisme sont prévus pour la fin de l’année. Quelle sera la ligne conductrice ?

D. C. / L’idée est de mettre autour de la table tous ceux qui participent à cette dynamique touristique. La Vienne a des atouts : son université, son tourisme, une politique équilibrée en l’urbain et le rural, mais il faut les travailler. Poitiers et la Vienne ne peuvent se penser indépendamment. Poitiers ne pourra pas se repositionner sans que la Vienne ne fasse pareil. Ce sera l’occasion de faire un état des lieux, de mettre en avant nos atouts. Ce sera aussi un grand moment de partenariats, pour travailler ensemble. Il n’y a pas de succès sans une idée, un projet, mais non plus sans une prise de risque. Et même si cela n’est pas très bien vu en politique aujourd’hui, il s’agira de remettre le risque au goût du jour.

Info-éco / Une réunion avec des entrepreneurs a eu lieu à Paris à l’initiative de jean-Pierre Raffarin. Pouvez-vous nous ne dire un mot ?

D. C. / Il a réuni 40 chefs d’entreprise pour échanger autour du développement de la Vienne. Ainsi, ils nous ont communiqué leur volonté à investir, leur énergie. Trois fois par an, ce sera ainsi l’occasion de discuter de projets, d’apporter des conseils, une aide. Pour monter un projet, la sagesse et l’audace vont de paire.

Info-éco / En tant que maire de Saint-Benoît, quel regard portez-vous sur l’avenir de la nouvelle agglomération autour de Poitiers ?

D. C. / De la part de Grand Poitiers, il n’y a pas de volonté hégémonique d’extension comme j’ai pu parfois l’entendre. La volonté est nationale de redessiner les cartes de l’intercommunalité en France, pour être plus pertinent sur la mobilité, les transports. D’autres cartes étaient possibles, c’est celle là qui a été retenue … il ne faut pas ressasser le passé, mais accueillir les nouvelles communes de manière positive, les rassurer. D’une agglomération urbaine, nous ajoutons des territoires péri-urbains, voire ruraux. Il y a l’accueil, mais aussi fournir des services et d-s’adapter à des besoins spécifiques. La gouvernance est un autre sujet. Nous devrons trouver la meilleure organisation pour être efficace. Certains craignent une centralisation, mais l’objectif est plutôt d’avoir des services décentralisés, des prises de décisions au plus près du terrain. Il y aura sans doute un an de mise en route pour que nous apprenions à travailler ensemble, à discuter, à s’écouter. J’espère que nous retrouverons le même état d’esprit qu’il règne actuellement. Nous ne prenons jamais de décision contre une commune par exemple, nous trouvons une convergence. J’espère aussi que la politique politicienne n’aura pas sa place dans cette nouvelle assemblée. Que les élus voudront bien laisser de côté leur étiquette politique, mais donner leur énergie pour construire.

Propos recueillis par M. W.

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