Frédéric Madroux, qui exploite la seule écloserie de crevettes impériales de Charente-Maritime, à Mornac-sur-Seudre, a quitté le label bio, ce qui lui a fait économiser de l’énergie …
La vente de gambas n’avait commencé que depuis la mi-juillet que déjà, avant le début du mois d’août, Frédéric Madroux savait qu’il n’atteindrait pas son objectif de six tonnes de crevettes impériales vendues d’ici la mi-novembre. « Les goélands sont arrivés depuis le mois de juin, explique t-il sans savoir pourquoi. D’habitude ils ne sont là qu’en août. » Or ils adorent les crevettes. Et dire que les cormorans vont aussi arriver … « J’introduis 4 000 crevettes dans chacune des mes 15 hectares de claires. Mais je n’en ressors que 3 000. »
Impossible de fournir
L’enjeu est de taille pour lui. 75 % de son chiffre d’affaires provient des crevettes impériales. Le reste émane de son activité de producteur d’huîtres pousse en claires, qu’il relance entre la mi-novembre et le mois de février. Heureusement pour le quadragénaire, la vente de crevettes commercialisables est minoritaire dans son bilan par rapport à l’écloserie. « Je suis le seul à avoir cette activité en Charente-Maritime. Je crois même que nous ne sommes que deux en France, l’autre étant installé à Port Leucate (Aude). D’année en année, je conserve les meilleurs reproducteurs. De février à avril, je me consacre à l’écloserie, puis à la production de crevettes jusqu’en novembre. Malheureusement je ne peux pas fournir tout le monde en larves. Beaucoup d’ostréiculteurs utilisent les gambas pour améliorer la photosynthèse dans les claires, ce qui améliore l’alimentation et donc la croissance des huîtres. Il me faudrait des installation deux à trois fois plus grandes. Mais je n’ai que 400 m2. »
Moins de gaz, moins d’eau
Son écloserie, l’ingénieur aquacole, vient juste de la retirer du label bio, après 18 ans d’activité. « Le bio est dur à contrôler et à mettre en pratique, reconnaît-il. Aujourd’hui ce qui est donné aux vers dont se nourrissent les crevettes à hauteur de 10 % de leur bol alimentaire n’est plus bio. Mais d’un autre côté, sortir du bio m’a fait économiser une cuve et demi de gaz pour chauffer l’eau, sur 6 que je consomme annuellement. Et j’ai moins consommé d’eau. » Au final, cet écologiste pense s’y retrouver vis-à-vis de la planète.
O. G.