En ce début du mois de mars, Habitat de la Vienne inaugure deux réalisations : une nouvelle antenne à Chauvigny et la résidence Habitat Jeunes à Châtellerault, le Chat Neuf. Fin 2018, le bailleur social totalisait 11 570 logements livrés, dont 1 900 places en ehpad. 140 logements ont été programmés en 2018 et 300 sont prévus pour 2019. Cet effort exceptionnel doit permettre à l’office départemental d’atteindre 12 000 logements livrés courant 2020. Car au 1er janvier 2021, date fixée par la loi Elan, les bailleurs n’ayant pas atteint ce seuil devront fusionner (cette solution avait été envisagée, des engagements cosignés et des statuts approuvés avec les offices de Charente et Charente-Maritime, mais fin novembre 2018, les deux bailleurs charentais ont décidé de tout stopper). « Cet objectif de 12 000, nous l’avions anticipé depuis plusieurs années, indique Pascal Aveline, directeur d’Habitat de la Vienne. Dans le cadre de son schéma de l’habitat, le Département va nous accompagner pour produire et passer ce cap. C’est autant d’investissements dans le centre-bourgs et pour les entreprises locales. »
La demande de logements sociaux reste stable sur le département. Habitat de la Vienne affiche un taux de vacance de 1,62 logement (et 0,40 à plus de trois mois). « Nous avons très peu de logements vides, constate le directeur. Et ceux livrés sont directement occupés quelque soit le secteur. Si la typologie du logement est adaptée (pavillon, logement senior …) et la qualité au rendez-vous (notamment sur la consommation énergétique), il y a de la demande. A Montmorillon par exemple, sur 22 logements inaugurés, nous avons reçu 80 demandes. En restant sur de petites opérations, bien ciblées, si le produit est bon, bien localisé, il trouvera preneur. »
Se diversifier pour résister
Ainsi, pour 2019, l’office devrait proposer, en plus de logements construits, des lots à bâtir à Saint-Martin-la-Pallu et Vivonne (comme cela a déjà été le cas aux Roches-Prémarie). Dans l’année, le bailleur devrait réaliser une opération hors département. Ce sera une première. « Compte tenu de la législation, aujourd’hui, nous avons besoin de vendre des logements pour garantir des ressources supplémentaires à l’organisme. Or, dans la Vienne (face au marché), nous avons du mal à valoriser nos biens. Pour répondre à une stratégie patrimoniale et garantir le futur de l’office, nous nous sommes engagés dans une opération hors département. Des organismes bordelais, parisiens ou charentais s’intéressent déjà à des emplacements sur la côte. En ayant quelques opérations ponctuelles sur le littoral, nous pourrons valoriser cet investissement. » Par ailleurs, Habitat de la Vienne est le seul bailleur social labellisé HSS (Habitat senior services) en Nouvelle-Aquitaine avec le niveau excellence. « C’est un savoir-faire qui nous est reconnu et que nous pourrions encore davantage valoriser. »
Diminution des investissements
C’est qu’Habitat de la Vienne, comme tout acteur du secteur, doit faire face à la perte d’1,9 million d’euros en 2018 suite au dispositif de réduction du loyer de solidarité (intervenu parallèlement à la baisse des APL). Si en 2019, le montant devrait être le même, le Gouvernement pourrait décider de doubler cette RLS pour les années suivantes. « Ce doublement serait mortifère pour une bonne partie des bailleurs sociaux de France. Nous estimons avoir fait notre part dans l’effort demandé pour le redressement des finances publiques, une deuxième hausse serait dramatique. Il ne faut pas nous retirer les moyens pour faire ce qui doit être fait. »
Pour faire face, les loyers seront augmentés de 1,25 %, le maximum autorisé par la loi. Par ailleurs, Habitat de la Vienne s’est déjà engagé dans une réduction de ses frais généraux. Ainsi les embauches ont été bloquées, l’encadrement de la hausse des salaires a été strict, plusieurs directions ont fusionné … « Nous gardons cependant un objectif en tête : la gestion des dossiers et la qualité des services rendus au locataire. »
Et si la production devrait être plus importante que d’ordinaire pour 2019, il faudra ensuite tabler sur 80 à 100 logements par. Pour la réhabilitation, plusieurs investissements ont déjà été décalés dans le temps. « Actuellement, nous traitons l’urgence et nous étirons les programmes. Si le doublement de la RLS est opéré, nous serons forcés de diminuer encore davantage nos activités. »
M. W.