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La CCI devient une entreprise privée

claude lafond

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La CCI devient une entreprise privée

En marge de l’assemblée générale de la chambre de commerce et d’industrie de la Vienne, qui s’est tenue à Châtellerault, il y a quelques semaines, son président Claude Lafond est revenu sur l’avenir de la structure et les perspectives pour 2020.

claude lafond

En marge de l’assemblée générale de la chambre de commerce et d’industrie de la Vienne, qui s’est tenue à Châtellerault, il y a quelques semaines, son président Claude Lafond est revenu sur l’avenir de la structure et les perspectives pour 2020.

Info-éco / Quelle est la situation aujourd’hui de la CCI de la Vienne ?

Claude Lafond / La situation aujourd’hui n’est plus la même qu’il y a trois ans, au début de ma mandature. Il s’est passé quelque chose. Le Gouvernement a déclaré qu’il devait faire des économies et qu’il ne subventionnerait plus les chambres de commerce et d’industrie. Quand Napoléon a créé ce service, il était là pour aider gratuitement les entreprises. Aujourd’hui, l’Etat nous demande de nous faire rémunérer pour nos services. C’est un profond changement. Et toutes les CCI de France sont plus ou moins dans la même situation.

Info-éco / Comment cela va-t-il se traduire ?

C. L. / Le savoir, nous l’avons toujours. Nous avons cette connaissance pointue de l’économie d’un territoire. Mais, qui va payer ? Ce ne sont pas les TPE, ni les PME ou même les créateurs ou les commerçants indépendants qui n’ont pas les moyens de financer nos prestations, mais plutôt les grands groupes, les collectivités territoriales qui auront besoin d’études précises, de relais en local. La Région Nouvelle-Aquitaine, par exemple, veut travailler avec les chambres consulaires. L’Etat va également faire appel à nous sur des missions précises, comme par exemple le travail réalisé avec les buralistes. Nous facturerons une étude d’installation, la mise en place d’une démarche d’économie circulaire …

Info-éco / Quelle a été votre position ?

C. L. / Nos subventions ont été divisées par deux, elles représentent aujourd’hui 20 % de notre budget. Face à cela, nous avons décidé de prendre les choses à bras le corps. Nous avons mis en place un plan social et nous n’avons pas remplacé les départs en retraite. Actuellement, mon rôle est de trouver des recettes, de vendre les prestations de la CCI. Aujourd’hui, je suis à la tête d’une entreprise. C’est un challenge. J’ai été élu dans une structure publique, je partirais d’une chambre privée.

Info-éco / Quels ont été les changements ?

C. L. / L’ensemble du personnel a été impliqué. J’ai apporté les conditions d’une entreprise privée à une structure publique. La direction du développement et de la performance a été créée. Tous les conseillers sont accessibles directement sur un portable. Ils sont tous situés au même niveau pour permettre le travail commun, partager les informations. Nous sommes en place. Nous cherchons aussi d’autres pistes d’économies. Nous étudions la mutualisation de services avec d’autres chambres consulaires, voire la fusion. Il nos faut économiser sans réduire le service aux entreprises.

Info-éco / Quelles sont les conséquences sur le budget ?

C. L. / Pour la première année depuis plusieurs exercices, le budget de la chambre est à l’équilibre. Et pour l’année 2020, il devrait l’être également et j’espère bien transmettre à mon successeur une situation saine.

Info-éco / Qu’en est-il de vos bâtiments ?

C. L. / Nos locaux sont toujours à vendre. Aujourd’hui, nous sommes 36 personnes sur la Technopole du Futuroscope pour des locaux beaucoup trop grands. L’objectif est de déménager à la Maison de la Formation, à Poitiers pour 2021. Le CFA est en cours de réhabilitation (désamiantage, isolation …) pour un investissement de 6 millions d’euros. Avec la construction du nouvel internat, quatre étages ont été libérés dans le bâtiment central de la Maison de la Formation. L’objectif est d’en occuper deux et de mettre les deux autres en location. Nous aurons ainsi des services regroupés, des économies d’échelle et plus de synergies. Concernant la vente des locaux sur la Technopole, il y a plusieurs pistes.

Info-éco / La formation reste primordiale pour vous ?

C. L. / La formation est même cruciale pour nous. Nous accueillons 900 apprentis ou alternants par an. Suite à la réforme de l’apprentissage et face à la concurrence d’autres centres de formation, nous devons miser sur l’excellence. Et cela quel que soit le niveau de la formation, d’un CAP à un bac+5. Le challenge sera de trouver les formateurs à mettre en face de ces formations. Il faudrait également changer de sémantique et ne plus parler d’apprentissage, mais d’études, au même titre que les autres filières. Elles ne sont pas moins qualifiantes, pas moins dures, c’est une manière différente d’apprendre.

Propos recueillis par M. W.

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