Ils étaient plus de 200 dirigeants de bars, restaurants, hôtels et discothèques à s’être rassemblés devant la préfecture, mercredi 25 novembre pour alerter sur leur situation. Les représentants de la profession rencontraient dans l’après-midi, la préfète et le sous-préfet, le président du Département de la Vienne, la maire de Poitiers et la présidente de Grand Poitiers. Face à la crise et aux annonces du Gouvernement, les chefs d’entreprise ne veulent pas mourir en silence. « Nous sommes venus pour défendre les intérêts de la profession car nous n’avons jamais vraiment été entendus, remarque Jérôme Lacroix, propriétaire de plusieurs boîtes de nuit et établissements de restauration. Dans le meilleur des cas, les restaurants et les bars réouvriront le 20 janvier. Cela fera six mois de fermeture en un an ! Et pour les discothèques, après huit mois de fermeture complète, nous n’avons toujours aucune date … Cela concerne aussi nos fournisseurs : distributeurs de boissons, DJ, producteurs, blanchisserie professionnelle … Nous avons des tas d’exemples de ce type, où notre fermeture entraîne d’autres difficultés. » Et le chef d’entreprises estime ainsi que le tourisme fait travailler 50 000 personnes sur 450 000 habitants en Vienne. « Nous faisons vivre toute une économie locale. Ce sont des emplois directs et indirects, des familles derrière. Pour arriver à passer cette période, nous demandons à payer moins de taxes locales et que les aides soient moins complexes, que nous soyons tous éligibles à ces dispositifs. »
Représenté notamment par l’UMIH, (l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie), les patrons demandent ainsi plutôt que des reports de charges, des dégrèvements ou tout simplement des annulations de certaines taxes. « Nous vous soutiendrons en tout cas pour que ces aides vous soient vraiment attribuées, qu’elles soient distribuées à ceux qui en ont besoin », souligne Claude Lafond, président de la Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne et faisant également partie de la délégation reçue.
Une journée d’action nationale est prévue dans les prochaines semaines ainsi qu’une ouverture symbolique des établissements fermés pour une journée.
L’événementiel sinistré
Parmi les manifestants, il y avait aussi les organisateurs d’événements et les traiteurs. Ils font partie de ces établissements qui ne sont pas fermés administrativement, mais qui par la force des choses n’ont aucun client à satisfaire et des carnets de commandes désespérément vides. « Nos établissements sont très impactés par la crise et il n’y aura pas de véritable reprise avant avril ou mai … », déplore Francis Cousin, dirigeant de Cousin Traiteur. Même constatation pour Nicolas Girard, dirigeant de GoodMoon et propriétaire de la Villa Emma à Poitiers. « Nous espérons que la crise sanitaire sera contrôlée pour la reprise des mariages au printemps, mais en attendant nous n’avons plus aucun événement, ni coup de fil … » Sur les aides, depuis six mois, l’entreprise a reçu 1 500 euros du fonds de solidarité. « J’arrive pour l’instant à payer mes charges (Urssaf, électricité, prêts …), mais je ne me verse pas de salaire depuis cet été pour conserver un peu de trésorerie. »
La Maison Tardivon n’est pas mieux lotie. « Les 20 % annoncés, je voudrais y croire, mais depuis le début de la crise nous n’avons droit à aucune aide … Ce sont des coups d’annonce, mais en réalité, beaucoup d’établissements, dont nous, ne rentrons dans aucune case : nous ne sommes pas fermés administrativement, trop de chiffre d’affaires, trop de salariés … constate Cécile Tardivon, la dirigeante. La seule aide, ce sont les mesures concernant l’activité partielle. Dans ce contexte, il faut faire preuve d’adaptabilité, de souplesse, mais c’est usant pour les équipes. Mettre en place de la vente à emporter, vendre un camion frigorifique … c’est surtout du bricolage pour survivre. »