Co-gérante de l’entreprise Gauthier Cuisines, elle est devenue la première présidente de la Chambre de métiers et de l’artisanat des Deux-Sèvres. Comme dans tout ce qu’elle entreprend, elle le fait à fond.
A sa grande surprise, Nathalie Gauthier est devenue la première femme présidente de la chambre de métiers et de l’artisanat des Deux-Sèvres en octobre dernier. « Je n’avais aucune prédisposition pour ce poste, j’étais impliquée, mais plutôt dans l’ombre et pourtant aujourd’hui, c’est une belle aventure. »
Née en 1966 à Niort, elle fait son lycée sur La Crèche, obtient son bac de gestion et intègre le monde du travail par le commerce. Elle continue en assurant des postes de remplacement en secrétariat et gestion. Elle intègre l’entreprise de son mari, Gauthier Cuisines, en 1992 et obtiendra son diplôme de comptable après deux ans de formation. La société travaille sur la création, la conception, la réalisation et l’installation de meubles pour la maison, allant de la cuisine, en passant par la salle-de-bains, mais aussi pour un dressing ou une bibliothèque. « Nous fabriquons tout nous-même sur-mesure. » Le couple emploie huit personnes dont deux architectes d’intérieur sur le bureau d’études. L’entreprise familiale a été créée en 1902, à Saint-Georges-de-Noisné. Reprise par son beau-père en 1962, puis par son mari, elle en devient la co-gérante en 2004. En mai 2015, la société ouvre un magasin à Chauray. « Les clients ne venaient plus jusqu’à nous, nous avons donc créé cette nouvelle activité, à l’instar des grandes enseignes. » Dans la continuité de ce showroom, Gauthier Cuisines adjoignent une partie décoration, sous l’enseigne Atelier Majorelle, avec vente de peintures, tissus et mobilier. « L’idée était de proposer, dans un même lieu toute la décoration pour une pièce allant du canapé, à la bibliothèque en passant par le rideau. C’est mon fils qui est devenu le gérant en début d’année. » Outre la peinture Little Greene, le magasin présente des tissus d’éditeurs et travaille par exemple avec des fournisseurs locaux comme les canapés Duvivier ou Sourice. « Nous sommes allés chercher ce qui ne se fait pas sur Niort. L’idée est aussi d’ouvrir ce showroom aux professionnels de la décoration, ils ont ainsi à disposition tous les échantillons nécessaires. » Elle aimerait aussi développer des matinées peintre, pour du conseil en peinture. Et elle a encore plusieurs idées pour que ces magasins ne soient pas simplement des lieux de vente. « L’écoute, le conseil, c’est vraiment notre créneau. Le commerce, c’est ça pour moi : accompagner les gens dans leur réflexion. Aujourd’hui, c’est une belle fierté de voir revenir les enfants de nos premiers clients. »
Une présidente pour la Chambre de métiers
Depuis plusieurs années, elle participe au cluster Futurobois, dans la section aménagement. Avec l’ouverture du magasin, elle a intégré plusieurs réseaux dont le Club d’entreprises du Pays Mellois et du Haut Val de Sèvre, Entreprendre au Féminin Deux-Sèvres, le Medef ou la Fédération du bâtiment. « Cela permet de travailler le relationnel, la notoriété. » Quand la FFB et la CGPME sont venues la voir pour être tête de liste pour les élections à la chambre de métiers et de l’artisanat, elle a accepté. « J’ai pris goût au challenge proposé. Je voulais apporter quelque chose de différent et une fois engagée, je fais les choses à fond. Au fur et à mesure de la campagne, je savais que j’avais mes chances. Cela m’a permis de découvrir encore plus le territoire, des entreprises. La liste a été ouverte à des gens sans étiquette, sans syndicat. Je suis pour la défense des artisans, mais je ne suis pas sectaire, je travaille avec tout le monde. Je ne vais pas tout révolutionner, pour autant il faut avancer. J’aime les défis et j’ai du répondant. J’espère faire un bon mandat. » Avec son équipe, elle est en train de construire des actions, de préparer le programme avec une idée forte : « la proximité avec les artisans ». « La chambre n’est pas assez connue auprès de ses ressortissants. Nous avons une boîte à outils formidable à disposition et nous n’en utilisons que quelqu’uns. Il faut faire connaître ces dispositifs et en adapter d’autres pour répondre au mieux aux besoins des artisans. Avec un élu par territoire, nous voulons aller au devant des entreprises. Je suis quelqu’un de terrain, de contact. Rester derrière un bureau, ce n’est pas pour moi, mais écouter, partager c’est important. » Pour autant son bureau au siège devrait prendre un petit coup de jeune et surtout un peu moins masculin. « L’ouverture se fait doucement, les mentalités changent. Il y a encore du travail pour que les femmes prennent leur juste place, mais il faut avancer, suivre son instinct et ne pas avoir peur de l’affrontement dans ce monde masculin. Ma philosophie, c’est : il n’y a pas meilleure que moi, si les autres peuvent le faire alors pourquoi pas moi ! Je prends le positif des portes qui se ferment, je me remets en question, mais je sais où je vais. »
Mathilde Wojylac