Au 1er janvier 2017, de Beaumont à Saint-Sauvant en passant par La Puye et Chauvigny, 40 communes de 5 anciennes intercommunalités formeront la 3e agglomération de la Nouvelle-Aquitaine. Auparavant dévolue aux départements, la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République) partage la compétence économique entre les régions et les intercommunalités. Pour cette nouvelle communauté urbaine, le maître-mot est l’attractivité. Entretien avec Alain Claeys, maire de Poitiers et président de Grand Poitiers.
Info-éco / Pourquoi l’attractivité du territoire est-elle le premier objectif de la future communauté urbaine ?
Alain Claeys / Parce que sans attractivité il n’y a pas de développement. Sans attractivité, les entreprises ne s’installent pas sur notre territoire et il n’y a donc pas de salariés et de cadres qui viennent faire vivre l’économie locale. Nous sommes aujourd’hui dans une économie de flux et il faut avoir et créer les conditions d’accueil pour les entreprises et leurs salariés.
Info-éco / Quels sont les atouts de ce nouveau territoire ?
A. C. / En premier lieu, des infrastructures qui nous placent dans une situation géographique privilégiée. Il y a la LGV d’abord qui place Poitiers à 1 h 15 de Paris et à 55 minutes de Bordeaux, avec 16 allers-retours par jour. Et puis notre aéroport. Je suis de ceux qui pensent qu’il faut garder cet outil car il garantit nos relations avec l’est de la France. Ce sont des éléments essentiels auxquels il faut ajouter des prix de logements ou du foncier bas et accessibles qui créent des conditions d’accueil favorables. D’autant que la nouvelle communauté urbaine proposera une diversité d’habitats entre l’urbain et le rural et donc des conditions de vie différentes selon les volontés de chacun. La qualité de vie dans notre agglomération est également un de nos atouts. Nous avons aussi le Très Haut Débit. Toutes les zones actuelles de Grand Poitiers sont équipées. Et nous allons poursuivre le développement de cet équipement à toutes les zones de la future agglomération. Et puis les entreprises qui souhaitent s’installer sur un territoire veulent un environnement riche autour de l’éducation et de la formation. C’est notre cas. Mais aussi des équipements sportifs et culturels importants et là aussi nous sommes bien placés. Et quand le président du conseil départemental annonce la construction d’une nouvelle salle, cela contribue à renforcer notre attractivité. Bruno Belin m’a demandé de faire parti du comité de pilotage et j’ai accepté.
Info-éco / Quelles pourraient être les nouvelles actions de la communauté urbaine pour le développement économique ?
A. C. / Les élus ne font pas le paysage économique mais contribuent à le renforcer. Ils créent les conditions du développement économique. Il faudra de toute façon partir de l’identité de chaque territoire qui intègre la communauté urbaine. Les quelque 17 000 entreprises, des formations d’excellence avec l’université de Poitiers, mais aussi des spécialisations comme l’INRA dans le Pays Mélusin. Et puis bien sûr le tourisme avec le Futuroscope, nos cités médiévales telles que Chauvigny, Lusignan ou l’art roman de Poitiers. Sans oublier le projet de labellisation technopolitain à l’échelle de la communauté urbaine.
Info-éco / Justement sur le tourisme. Quelle politique peut être engagée avec la communauté urbaine ?
A. C. / Sur le tourisme, nous avons clairement tous les produits pour réussir. Il faut renforcer cette dynamique. Concernant les offres touristiques, nous avons besoin de les mettre en rapport avec les clients potentiels. Tout ceci pour déboucher à construire une politique touristique dynamique. Nous avons demandé une étude précise sur ce sujet au cabinet ProTourisme pour établir une stratégie d’ici mars prochain.
Info-éco / Quelles autres filières pourraient être privilégiées ?
A. C. / A mon avis le numérique est prioritaire. Nous venons d’être labellisé French Tech sur le segment de l’éducation. Nous avons des laboratoires de recherche et des acteurs tels que le CNED et Canopé. Il faut développer la French Tech pour générer de l’activité privée.
Info-éco / Justement sur l’université et les laboratoires de recherche. Comment tirer son épingle du jeu face à Bordeaux ?
A. C. / Il n’y a pas de face à face à avoir. Comme je l’ai déjà dit par ailleurs, la recherche n’a pas de frontières. D’autant que l’innovation est une des priorités d’Alain Rousset. Il faudra être capable de mettre en place des politiques publiques pour renforcer l’attractivité de notre université. Je souhaite signer un contrat d’attractivité avec la région Nouvelle-Aquitaine pour faciliter l’innovation et faire émerger des start-up à travers les laboratoires de la chimie verte mais aussi des laboratoires tels que PPrime ou les laboratoires de recherches dans le domaine de la santé.
Info-éco / Est-ce que la communauté urbaine aura les moyens financiers à l’heure des baisses de dotations de l’Etat ?
A. C. / La loi NOTRe prévoit des dotations de fonctionnement et notamment une augmentation des subventions par habitant qui passerait de 40 € à 60 €. Cela représente une enveloppe d’environ 4 M€. Il faudra déterminer en assemblée les politiques que l’on financera, mais ce qui est sûr c’est qu’il faudra éviter le saupoudrage des aides.
Info-éco / Pour conclure, quel rôle va jouer la communauté urbaine de Poitiers dans la Nouvelle-Aquitaine ?
A. C. / La Grande région est une chance. La chance de l’intelligence collective qu’il faut saisir pour accélérer le développement des territoires. C’est comme cela que je conçois la décentralisation avec plus de souplesse et plus d’expérimentation au service de tous. Les chefs d’entreprise que je rencontre l’ont bien compris et attendent des élus qu’ils le comprennent. Ils ne veulent pas de concurrence entre les territoires ni de tiraillement politique qui sont des obstacles et des freins au développement économique. Et que ça soit au sein de la Nouvelle-Aquitaine ou dans la communauté urbaine il faut travailler ensemble au-delà des clivages.
Propos recueillis par M. N.