Après une campagne effervescente, Philippe Chadeyron est depuis une semaine le référent officiel de la République en Marche en Vienne, mais il poursuit son activité professionnelle chez EDF avec toujours autant d’ambition.
Lorsqu’on découvre le passé de Philippe Chadeyron, on comprend mieux le personnage qu’il est aujourd’hui. Sous ses airs d’aimable contestataire se cache un homme de conviction attaché à ses valeurs. Philippe Chadeyron est né à Lisbonne en 1963, d’un père officier déserteur de la guerre d’Algérie et d’une maman rebelle. Accueillis par le dictateur Salazar, ils devront quitter la capitale au bout de quelques mois pour fuir en Angola. « A 3 ans et demi, nous sommes rentrés en France, à Paris, je parlais mieux portugais que français. » Réalisant qu’ils sont trop opposés sur le plan politique, les parents de Philippe se séparent. Héritier d’un passé mouvementé, il se découvre très vite un penchant pour la politique. Dès la 6e, il est à l’origine de manifestations. « Nous étions opposés à la réforme Habi. Bien sûr je n’avais pas le droit de manifester, ma mère était convoquée mais elle m’encourageait dans cette voie, alors j’ai continué. J’ai été viré d’Henri IV à la fin de l’année. » De retour en pension, il découvre différents modes d’éducation. « Je me suis toujours trouvé dans des classes pilotes. Nous étions les enfants de la mouvance post soixante-huitarde, on se cherchait. » Lui s’était trouvé. Passionné de voile depuis sa tendre enfance, il fait une année de sports études, mais ses convictions sont plus fortes. « J’étais animé par de nombreux engagements sociétaux, j’étais toujours un peu le leader pendant les manifestations. Entre un père proche du Front National et une maman Mélanchoniste, j’ai trouvé ma place entre ces deux extrêmes. »
A sa grande surprise, il obtient son bac, « un miracle » et poursuit avec l’armée. « Je n’ai aucun problème avec l’autorité lorsqu’elle est légitime, par contre j’avais un sérieux problème à l’égard des sous-officiers, je ne supportais pas les militaires stupides et j’ai intégré une ligue anti-soldat. J’étais très révolté alors ils m’ont gardé un peu plus que les autres. » Après cet intermède militaire, il suit des études en géographie. « J’ai toujours été passionné par l’environnement et son climat, j’ai opté pour une maîtrise de géographie et bizarrement ça m’a plu. » D’élève indiscipliné, il passe à très sérieux et obtient même une mention très bien à son examen. Sous les conseils de son père, il prolonge sa formation avec un master de communication en entreprise. Diplômé, il intègre la célèbre entreprise Ronéo, l’ancêtre de l’imprimante. « Je suis resté 5 ans, c’était très formateur, j’ai beaucoup évolué avec cette boîte. A cette période, un chasseur de tête me contacte, il me voulait comme directeur de la communication pour Cogema (ex-Areva) afin de préparer l’arrivée de la future centrale nucléaire à Civaux. Ce fut un grand challenge où j’ai aussi appris la communication de crise, lorsqu’en 1998, nous avons été confronté à un incident d’envergure. » L’énergie devenant son terrain de jeu, EDF le recrute à Paris comme chef de cabinet de la division énergie. Désireux de se rapprocher de sa famille, il rejoint en 2004, la délégation de Poitou-Charentes et lance un plan interne sur les économies d’énergies « Actions planète ». « Face au succès rencontré, EDF a souhaité que je le développe sur l’ensemble du territoire pendant deux ans. » Toujours pris entre deux trains, Philippe Chadeyron désirait poser ses valises à Poitiers et il découvre le projet de LGV entre Tours et Bordeaux. Il postule et Vinci le recrute comme directeur de la communication du projet. « Nous étions au début du projet, il y avait beaucoup de tensions entre Cosea et Lisea, j’étais lassé de toutes cette discorde et par chance Joël Mazet, à l’époque délégué régional EDF Poitou-Charentes me propose de le rejoindre, nous sommes en 2013. »
Son engagement politique
Alors qu’il grandit professionnellement, Philippe Chadeyron s’investit en politique en 2007 lorsqu’il découvre la dette de la France. « Christian Blanc avait lancé un mouvement que j’ai rejoint, mais ça n’a pas duré. François Bayrou a repris le flambeau alors je l’ai suivi. En 2008, j’ai souhaité me présenter à Mignaloux pour l’élection départementale sous la casquette Modem, mon slogan était « Supprimons les départements ». Je savais que je ne serais pas élu, mais c’était trépidant. » Puis son cœur se tourne vers Manuel Valls, mais ce fut de courte durée car Emmanuel Macron arrive sur scène et l’éblouit complètement. « Sa visite à Civaux a été une révélation et depuis je suis en Marche. » De la création du mouvement à la campagne présidentielle, Philippe Chadeyron est sur tous les fronts pour sensibiliser à cette nouvelle politique. Aujourd’hui, il est le référent officiel en Vienne pour trois ans. « J’aime la synergie qui se crée entre mon emploi et mon engagement, l’un et et l’autre se nourrissent mutuellement.»
Lydia De Abreu