Aïssam Moujoud a développé un transporteur électrique personnel utilitaire. Il peut aussi bien servir aux valides, qu’aux personnes handicapées, il facilite dans tous les cas les déplacements.
Aïssam Moujoud a développé un transporteur électrique personnel utilitaire. « C’est un petit outil de manutention, léger, idéal pour les entreprises. Il est utilisable par tous y compris pour le reclassement de personnes en situation de handicap et notamment des personnes ayant des problèmes aux membres supérieurs. Ce n’est pas un produit développé spécifiquement pour eux, mais il répond à leurs besoins, sans connotation médicale. Pour l’instant, il n’y a pas d’équivalent dans le monde. » Un brevet a été déposé à l’international. Le transporteur dispose de quatre roues, d’une plate-forme et d’un siège. « Il se conduit avec les pieds et permet d’avoir les mains libres. Ce système assure stabilité et sécurité. Il est en fait assez intuitif à utiliser. »
Cet outil permet à une personne de se déplacer, mais aussi de transporter une charge. Il peut ainsi tracter jusqu’à 500 kg pour 45 kg pour le véhicule. Il peut se plier, tenir dans un coffre, passer dans les ascenseurs ou tout espace réduit grâce à ses quatre roues motrices. « C’est une aide à la mobilité, qui permet de se déplacer dans un environnement industriel. Il est idéal pour la préparation de commandes. » Le prototype a été testé en condition avec les Aéroports de Lyon. Sur une journée, une quarantaine de personnes ont utilisé le transporteur. « Ses caractéristiques font qu’il peut être utilisé par plusieurs métiers sur un même site. Il répond notamment à de nombreuses problématiques relevant du dernier kilomètre. Aujourd’hui, bien souvent, ce sont des outils surdimensionnés qui apportent de petits colis. L’enjeu est de trouver l’engin qui pourra dispatcher ces milliers de petits colis dans les services, faire de la manutention légère. » Ce entrepreneur a également conçu de nombreux accessoires qui permettent de diversifier l’usage du produit et ses utilisateurs (tablette de présentation, bacs de transport, boule d’attelage … ).
Du projet au prototype
Ingénieur en conception mécanique, Aïssam Moujoud a fréquenté le SP2MI et a obtenu en 2006 son diplôme d’ingénieur en recherche et développement pour l’industrie. Il est aussi designer industriel et mécanique. « Cette diversité d’approches m’a permis de démarrer mon projet seul. » En 2013, il remporte le trophée Emergence du ministère de la recherche et bpifrance. « J’ai pu faire mes premiers pas, faire la recherche d’antériorité, déposer le brevet, faire travailler un laboratoire, faire une étude de marché. » Fin 2014, le projet est véritablement lancé. En 2015, il est lauréat du concours Créa Vienne et s’installe au CEI, sur la Technopole. Ce printemps, il a participé à Innovaday à Bordeaux, pour lancer une levée de fonds et rencontrer de potentiels financeurs.
Un produit français
Un version commercialisable du transporteur devrait sortir en octobre. Les plans sont terminés, les fournisseurs sont identifiés. « Ce sont des sous-traitants en Vienne et Poitou-Charentes, que ce soit pour la fabrication ou l’assemblage. Ce sera un produit français, constitué d’éléments français, jusqu’à la batterie. Cette proximité avec les fournisseurs me permet de garder la main sur les délais, l’approvisionnement, de faire face plus rapidement s’il y a un problème. » Avec son premier prototype, le jeune dirigeant parcours quelques salons, fait des démonstrations, dont une au Futuroscope. « Le laboratoire Lias de l’université de Poitiers travaille avec moi sur l’électronique embarqué. Il peut être piloté à distance. Le produit va encore évoluer. Il s’intègre à l’usine du futur en permettant l’amélioration des conditions de travail. » Aïssam Moujoud espère pouvoir embaucher d’ici la fin de l’année et début 2017, des commerciaux et une personne pour assurer la partie R&D. « Dans trois ans, j’espère que nous serons neuf et que nous aurons démarrer à l’international. » En tout cas, son projet roule.
M. W.