A l’occasion de VivaTech, sur son stand, la région Nouvelle-Aquitaine avait organisé un temps sur la thématique des femmes dans le numérique. « Nous sommes là pour faire tomber quelques clichés et prouver qu’entreprendre au féminin peut se faire dans la tech, explique Christine Panteix, directrice de l’incubateur régional Les Premières Nouvelle-Aquitaine. Nous accompagnons les équipes dans leur structuration et notamment les femmes, qui sont sous-représentés à la tête des entreprises. Seulement un tiers sont des dirigeantes et quand on regarde les sociétés de plus grande envergure, ainsi que l’industrie et les nouvelles technologies, leur nombre est encore bien moindre. Pourtant, l’entrepreneuriat est accessible à toutes. »
Une démarche que la Région Nouvelle-Aquitaine soutient avec un plan d’actions en faveur de l’entrepreneuriat des femmes. « Les premiers pas, les premières années sont souvent les plus difficiles, il faut convaincre de son projet des investisseurs, des banquiers et nous sommes là pour les soutenir, indique Anne-Laure Bedu, élue régionale déléguée à l’innovation. Il faut aussi aller dans les écoles, amener cette culture entrepreneuriale à tous les âges, montrer par l’exemple que c’est possible. »
Ainsi, Yaël Assouline, associée d’Iteca, société basée à Angoulême spécialisée en intelligence artificielle, réalité virtuelle et réalité augmentée pour l’industrie, est venue témoigner. « Nous avons fini une période de recrutement et je souhaitais faire de la discrimination positive, ne serait-ce qu’en recevant toutes les jeunes femmes intéressées par nos postes. Je n’ai eu aucun cv féminin. Dans la tech, comme dans l’industrie, il n’y a pas vraiment de problématiques liées au genre, mais il faut faire ses preuves en tant que personne. Oui, les femmes peuvent s’intéresser à ce secteur, nous n’avons pas à rougir de nos neurones. »
De passage sur le stand de la Région, le secrétaire d’Etat au numérique Cédric O a lui aussi déploré l’absence de femmes dans le secteur des nouvelles technologies. « Le sujet est catastrophique. Cela n’a aucun sens que les femmes ne soient pas présentes dans ce domaine. La France se prive ainsi de 50 % des compétences disponibles, ce n’est pas possible, alors même que le secteur recrute, ouvre vers de nouveaux métiers. Il faut encourager les formations et dès le plus jeune âge initier. A raison d’1h30 par semaine, le codage entre peu à peu dans les écoles. Il faut aussi montrer par l’exemple, que c’est possible, pour réussir à faire bouger les choses. »
Provoquer le déclic
Pour Aurore Thibaud, associée de Laou, plateforme de recrutement pour développeurs et entreprises de la tech basée à Limoges, il faut bien faire entendre à ses interlocuteurs qu’une entreprise menée par des femmes peut rapporter de l’argent. « Nous venons de boucler notre levée de fonds et une étude a démontré que les questions ne sont pas les mêmes que celles posées aux hommes. La question pour un homme sera combien vas-tu me rapporter, quand pour une femme il s’agit de savoir combien tu pourrais me faire perdre. Les choses doivent évoluer, mais aussi à nous de montrer notre confiance et notre volonté. »
Si Sophie Lamarque, présidente d’Indricks, plateforme pour les professionnels de l’immobilier basée à Bordeaux, est convaincue de sa place, elle souligne l’intérêt d’équipe mixte. « La présence de femmes et d’hommes au sein d’une même entreprise apporte une richesse, un équilibre où les forces et les faiblesses de chacun se complètent. »
Pour démontrer aux femmes qu’elles sont capables, complémentaires, Les Premières et La Ruche organisent les We Days, du 24 au 28 juin sur toute la région. « L’idée est d’éveiller des vocations, de montrer les dispositifs et les structures qui accompagnent les femmes », souligne Christine Panteix. Le programme est encore ouvert. « Les acteurs des territoires ne doivent pas hésiter à s’en emparer et proposer un petit-déjeuner, une table-ronde avec des témoignages … car il y a des talents et de potentiels partout. »
Mathilde Wojylac
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