En partant d’une problématique locale et après deux ans de recherche, des industriels ont réussi à transformer des textiles usagés en un nouveau matériau composite. Aujourd’hui, la filière doit trouver de nouveaux partenaires pour se développer.
Tout est parti d’une problématique locale. A Châtellerault, Audacie, structure d’insertion par l’activité économique assure la collecte, le tri et la revente de vêtements de seconde main. Une partie des textiles est recyclée en chiffons de nettoyage pour l’industrie. Pour l’autre partie de ces textiles en fin de vie, il n’existait pas de solution. Ils sont généralement envoyés en décharge ou à l’export, mais sans aucune garantie écologique.
Depuis deux ans, CDA Développement (Châtellerault) et Futuramat (Dissay), appuyés par le Pôle des éco-industries travaillent sur l’élaboration d’un nouveau matériau issu de textiles usagés : le Plaxtil. En fonction des types de textiles et de résines entrant dans la composition finale, une gamme large de matériaux a été mise au point. « En partant de ces textiles inutilisés, qui s’entassaient chez Audacie, nous avons élaboré une recette et créé un matériau qui les utilise, quel que soit le type de textile. Aujourd’hui, nous sommes arrivés à une gamme avec un taux de fibres allant jusqu’à 50 %, avec des caractéristiques équivalentes à un plastique classique », indique Jean-Marc Neveu, gérant de CDA Développement. Plusieurs types d’industrialisation sont possibles, en injection ou en extrusion. « Nous sommes arrivés à un produit conforme, transformable. »
Ce nouveau matériau a été présenté au salon mondial de la plasturgie, fin octobre, à Düsseldorf, en Allemagne. « Nous sommes soutenus par des fabricants d’équipements, d’outillage, des injecteurs … Il s’agit désormais de passer à la vitesse supérieure. La tendance est forte au développement d’une industrie du recyclage, mais c’est finalement un secteur qui débute. De nouvelles solutions apparaissent chaque jour. »
Créer des écosystèmes locaux
L’industrie textile est aujourd’hui, une des plus polluantes au monde. Plaxtil se propose d’utiliser ces gisements de textiles déjà produits et non valorisés, pour en faire de nouveaux objets recyclables. « Pour voir Plaxtil s’étendre, il faut maintenant trouver de nouveaux partenaires industriels et des clients. » L’idée est de créer des écosystèmes au plus près des besoins, avec des centres de tri locaux, adossés à des industriels utilisant cette ressource disponible pour l’injecter directement dans leur produit. « C’est une solution solidaire qui doit se mettre en place, qui garantit le maintien des emplois, notamment en insertion. »
Les industriels qui produisent des chutes de tissus peuvent être intéressés pour valoriser leurs “déchets”, ainsi que la confection, les centres de tri pour avoir un nouveau débouché, les collectivités pour développer l’insertion et après tous les fabricants de produits plastiques qui pourraient faire entrer Plaxtil dans la composition de leur objet. Reste à convaincre. « Il y a de multiples applications possibles. Tout est à construire. »
A Châtellerault, CDA Développement souhaite par ailleurs créer un pilote industriel dédié au Plaxtil. « Ce serait une vitrine des possibilités données, mais aussi un tiers-lieu dédié au recyclage et à l’éco-conception. »
M. W.