Aéroteam structure et fédère les acteurs de la filière aéronautique en Poitou-Charentes. L’association est composée de PME, grands groupes et centres de recherche, de formation ou de transfert de technologies qui développent une activité en région. Cela représente environ 80 membres. Entretien avec Guy Curcio, président d’Aéroteam et directeur du site Sogerma à Rochefort.
Info-éco 2 / Quelle est la mission d’Aéroteam ?
Guy Curcio / L’association anime la filière aéronautique en région. Nous devons la dynamiser pour arriver à absorber l’augmentation d’activité du secteur. Aujourd’hui, ses actions sont plus opérationnelles. Nous avons pu obtenir des financements de l’Etat et de la Région pour mener des actions de front. Plusieurs axes ont été retenus, développés en parallèle par plusieurs comités : l’excellence opérationnelle, l’innovation par la recherche et le développement et l’emploi-la formation. Ces ont vraiment les trois piliers à travailler. Pour le plan 2013-2014, nous avions rajouté les achats, les financements des entreprises et l’hygiène-la sécurité.
Info-éco 2 / Pouvez-vous nous donner des exemples d’actions ?
G. C. / L’excellence opérationnelle est un des critères incontournables pour générer de l’activité aujourd’hui et demain. A l’aide du Gifas, nous avons créé des grappes d’entreprises (autour de Sogerma et SimAir). L’entreprise donneuse d’ordres est chargée d’emmener des PME dans son sillage. Les diagnostics sont terminés, nous allons démarrer les modules de formations. Il s’agit de travailler la qualité, la ponctualité. Un retard peut avoir des répercussions jusqu’en fin de chaîne au vue des fortes cadences. Tout cela doit mener à plus de compétitivité, tout en faisant attention à ce que tout le monde s’y retrouve. Cela passe donc par l’amélioration des process, des méthodes et des compétences pour atteindre ces objectifs.
Info-éco 2 / Sur l’innovation plusieurs actions et partenariats ont été engagés ?
G. C. / Il y a le projet Geniosa, le siège du futur. Nous avons la capacité en Poitou-Charentes de porter ce projet ambitieux, qui peut soutenir la comparaison avec d’autres régions. La démarche est bien perçue par les pôles de compétitivité, bpifrance. Avec Innov’3R, nous travaillons le recyclage et la réutilisation de certains matériaux. Avec Innov’Aéro, nous souhaitons évaluer la capacité à innover des PME et les encourager dans cette démarche. Nous avons signé une convention avec Aérospace Valley qui est une véritable ouverture vers d’autres entreprises, des experts, de la veille. Cela doit nous faire progresser et nous permettre d’être identifié.
Info-éco 2 / Sur la formation, vous essayer aussi de faire avancer les différents acteurs ensemble ?
G. C. / Avec l’UIMM (l’Union des industries et des métiers de la métallurgie), nous avons participé à une enquête sur les besoins des entreprises en matière de recrutement dans l’aéronautique et l’automobile. Il y a des passerelles à construire et des rapprochements à opérer. Nous devons réfléchir à comment transférer du personnel ou le mettre à disposition, le tout en bonne intelligence et sans heurts. Sur la formation, nous avons signé différentes conventions, dont une avec le Cnam et l’Ensma pour la création d’un diplôme d’ingénieur de production en alternance. Le lycée Marcel-Dassault, à Rochefort est en réflexion pour ouvrir un BTS aéronautique. Nous essayons aussi d’avoir un aéro-campus qui fédérerait les trois lycées et leur formation en aéronautique. Nous réalisons aussi des interventions dans les lycées pour expliquer nos différents métiers, les différents postes.
Info-éco 2 / Quels sont les enjeux pour les années à venir ?
G. C. / La situation de l’aéronautique est très positive en terme de perspectives sur les 15 ans à venir. Il y aura sûrement de hauts et des bas, mais globalement nos besoins en recrutement seront de 350 à 500 personnes par an sur les 5 ans à venir. Le premier objectif est donc de permettre aux entreprises de recruter. Il y a également un fort besoin de restructuration. Nous devons mieux organiser la filière pour mieux répartir les charges et assurer de l’activité sur le long terme à tous. Il est difficile d’intégrer ce secteur, mais quand une entreprise y parvient, elle s’assure de l’activité pour une longue période. Nous devons créer une filière compétitive.
Info-éco 2 / Vous êtes en train d’élaborer le nouveau plan d’actions 2015-2016. Quels en sont les principaux axes ?
G. C. / Nous sommes en train de le finaliser, mais il faut bien avoir conscience que si nous souhaitons restructurer la filière, cela nécessite des moyens et des ressources pour tirer les projets. Les trois axes majeurs restent, auxquels s’ajoute les réseaux et la communication. Sur l’excellence opérationnelle, nous allons continuer le système des grappes (Meggitt devrait en mener une). En terme de management, nous aimerions mettre en place des boîtes-à-outils à destination des PME, pour disséminer les bonnes méthodes. Sur la R&D, nous allons continuer de faire émerger les projets, de digérer l’information pour les PME.Sur le développement des compétences, il y a toute une cartographie de la région à réaliser, un annuaire avec les compétences et savoir-faire de chacun. Sur le recrutement, les différents dispositifs doivent être mis en œuvre. Nous avons essayé de projeter la filière et de construire un plan de marche qui doit nous mener vers plus de résultats.
Retrouvez notre dossier consacré à l’aéronautique en région Poitou-Charentes dans le numéro de septembre d’Info-éco 2 : L’aéronautique prépare son avenir.