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Le secteur médical est en train de vivre un tsunami numérique

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Le secteur médical est en train de vivre un tsunami numérique

Dans le cadre des Rencontres du numérique, le professeur François Vincent interviendra sur “Comment les NBIC impactent le secteur de la santé ?”. Il exerce au centre hospitalier universitaire de Limoges, comme pneumologue. Il est également élu au conseil régional en charge de l’université du futur.

 

 

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Dans le cadre des Rencontres du numérique, le professeur François Vincent interviendra sur “Comment les NBIC impactent le secteur de la santé ?”. Il exerce au centre hospitalier universitaire de Limoges, comme pneumologue. Il est également élu au conseil régional en charge de l’université du futur.

Info-éco / Comment le secteur médical prend en compte les nouvelles technologies ?

François Vincent / Le monde médical est en train d’éprouver une accélération technologique sans pareil. Ce n’est pas une menace, mais cette rupture technologique est une opportunité de prise en charge thérapeutique médicale. C’est un tsunamiæque nous sommes en train de vivre. Les NBIC — à savoir les nanotechnologies, les biotechnologies, l’informatique et les sciences cognitives — interviennent partout. Les nanomédicaments seront bientôt capables de cibler une cellule, d’amener une molécule active à l’endroit précis ou elle sera utile pour un traitement direct. Etant professeur en pneumologie, je pense forcément à la chimiothérapie qui pourra directement attaquer la cellule tumorale en épargnant les bonnes cellules. Aujourd’hui aussi, les chirurgiens assistés d’un ordinateur opèrent avec un robot à leur côté. C’est plus de précision du geste pour le chirurgien et moins de complications pour le patient. Du côté des biotechnologies et de l’informatique, la croissance exponentielle des puissances de mémoire, de calcul n’ont fait que croître. C’est le moteur de la révolution numérique en cours et il ne fait que débuter. C’est aussi une accélération des capacités de calculs impactées par cette puissance informatique à bas prix. Les coûts ont fortement diminué. Là où aujourd’hui, je peux identifier 3 à 4 mutations, demain j’en trouverais probablement 100 et je pourrais les traiter spécifiquement. Cette réalité va s’imposer à nous dans les 10 ans à venir, mais il faut rester très prudent.

Info-éco / Sur quels aspects devons-nous être attentifs ?

F. V. / Les géants du web, les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) se mettent tous à la santé. Par exemple, avec le laboratoire Calico, Google analyse les gènes des personnes âgés pour trouver l’ensemble des gènes responsables du vieillissement et expliquer ainsi pourquoi nos cellules se dégradent lors du grand âge. C’est ainsi percer un peu le secret de l’immortalité. Cela soulève de nombreuses questions. Par rapport à la France, les Etats-Unis ne soulèvent pas le problème de l’éthique. En 2015, un laboratoire chinois est intervenu pour tenter de modifier le génome d’embryons humains, en « supprimant » des maladies. Nous arrivons à la notion encore expérimentale d’humains modifiés et réparés. Ces modifications interrogent sur les applications cliniques pour le futur. Aux Etats-Unis et en Autriche, des laboratoires sont capables de recréer un cerveau humain de quelques millimètres. Le monde va vite sur ces questions et la France ne doit pas passer à côté. Je ne dis pas que nous devons faire comme eux, loin de là, mais ces pratiques doivent nous permettre de nous positionner, d’avancer. Nous voyons là toute la puissance des NBIC dans la santé, son côté fascinant, mais inquiétant à la fois. Il faut que chacun prenne conscience de ce qu’il y a autour de nous. Il y a aussi des aspects positifs. Ces transformations vont créer des emplois, de la richesse et induire de nouvelles découvertes. C’est un véritable bouleversement, il y a 10 ans, je ne pense pas que l’on pouvait imaginer ce à quoi on arrive aujourd’hui.

Info-éco / Quels sont les incidences pour les médecins ?

F. V. / Ce qui m’inquiète réellement, c’est le fait que la santé va changer de main. Les médecins risquent de n’être que des exécutants. Un super-ordinateur peut effectuer 10 millions de milliards d’opérations par seconde bien plus qu’un cerveau humain isolé. Ensuite, le traitement de ces données sera rendu possible grâce à des algorithmes sophistiqués issus de ces ordinateurs de plus en plus puissants. Il échappera alors aux médecins. Vous savez, des supercalculateurs avec les données de notre santé sont déjà installés. Nous entrons dans des problématiques de big data sur la santé. Aujourd’hui, les deux serveurs de stockage de données les plus importants sont détenus par Amazon et IBM (avec Watson). Quand toutes les données transiteront par ces gros nuages, leur force sera considérable. Nous ne pourrons plus faire ce que nous voudrons. L’homme-médecin n’aura plus totalement la main sur l’ordinateur ou le robot qu’il utilisera. Le médecin sera subordonné aux grands groupes qui sont aussi riches qu’un pays, mais n’en ont pas l’éthique. Il est donc important de comprendre ce tsunami qui se présente.

Info-éco / Pouvez-vous nous en dire plus sur votre mission sur l’université du futur ?

F. V. / Aujourd’hui, très peu d’hommes politiques réfléchissent à ce sujet. Avec ma mission sur l’université du futur, mon rôle est donc de prospecter sur ces NBIC, rassembler pour aborder les impacts scientifiques, technologiques, économiques … de l’usager à l’industriel. C’est aussi poser la question : que fait-on pour demain ? L’objectif en créant cette université est aussi de mettre le sujet sur le devant de la scène, de réfléchir ensemble à notre futur.

Propos recueillis par Mathilde Wojylac

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