Avec la « Clause Molière », l’élu charentais et directeur de l’hôpital de Confolens, Vincent You, a trouvé un moyen simple et efficace pour limiter et protéger les travailleurs détachés sur les chantiers publics.
Lorsqu’une idée est bonne elle est reprise par d’autres. Imaginée par Vincent You, directeur de l’hôpital de Confolens et élu charentais, la « Clause Molière » pour les marchés publics a pour simple objectif d’imposer la compréhension et l’usage de la langue française sur les chantiers. Une petite ligne qui change tout.
Un constat de terrain
Elu à la mairie d’Angoulême et vice-président de GrandAngoulême en charge de l’urbanisme, Vincent You est avant tout directeur de l’hôpital de Confolens. Il y a deux ans, il a lancé des travaux pour son établissement. « J’étais satisfait lorsque j’ai constaté que beaucoup d’entreprises locales avaient été sélectionnées, mais je l’étais beaucoup moins lorsque je me suis aperçu qu’une grande majorité des travailleurs étaient Polonais, Chypriotes… et qu’ils ne comprenaient pas notre langue. J’ai été frappé par une double problématique, d’une part les salariés ne comprennent pas les règles de sécurité et d’autre part, lorsque vous faites appel à des travailleurs détachés, les charges sociales sont reversées à son pays d’origine. Mais, lorsqu’on construit un hôpital public, le financement vient de la Sécurité sociale, je trouvais injuste que l’argent ne soit pas réinjecté dans le territoire. » Un an plus tard, il est chargé de la construction d’un nouvel Ehpad à Confonlens. Fort de son précédent constat, il refuse d’être confronté à la même problématique et crée la « Clause Molière » qu’il a intégrée dans le cahier des clauses administratives particulières de ses marchés locaux.
Une clause reprise par deux régions
Cette clause non discriminante, vise la protection des travailleurs détachés tout en se préoccupant du développement économique territorial. Après la région Pays de Loire qui a voté il y a quelques mois un amendement pour les prochains appels d’offres, la région Hauts-de-France a suivi. « Xavier Bertrand, son président, m’a averti qu’il avait un grand projet de canal, nommé Seine nord Europe. C’est un chantier à plus de 5 milliards d’euros. Avec cette clause je suis convaincu qu’il y aura une incidence sur des milliers d’emplois. » Une belle initiative qui va changer le paysage du BTP : « Je ne fais pas de lobbying et je ne souhaite pas être donneur de leçons, mais nous devons arrêter cette course au low cost qui détruit les emplois. » La grande région va-t-elle suivre ? En attendant l’élu charentais souhaite que les parlementaires s’emparent du sujet pour en faire « L’amendement Molière ». Chapeau bas, M. You.
Lydia De Abreu