Info-éco / Quelle a été l’action de la CCI pendant la crise ?
Claude Lafond / Pendant la période de confinement, la chambre a passé près de 500 coups de fil par semaine pour voir les problèmes, entendre la fatigue ou les inquiétudes des dirigeants. Le dispositif Apesa est en place désormais en Vienne, la CCI y participe. Le dispositif est confidentiel, cela les dirigeants ne doivent pas l’oublier et ne pas hésiter à le demander. Le chômage partiel, le report et les exonérations de charges, les aides de l’Etat … ont été utilisés. Après, il y a eu quelques frais, ne serait-ce que le comptable pour faire les payes et le dirigeant est resté. A un moment, les aides vont être enlevées et l’entreprise devra recommencer à payer, mais elle n’aura pas forcément de trésorerie. Le prêt garanti par l’Etat est une bonne chose, mais finalement peu d’entreprises l’ont demandé. 15 % des entreprises du département en ont fait la demande, quand 50 % en aurait besoin. Après, il est encore ouvert jusqu’en décembre. Les entreprises ont vécu sur leur trésorerie pendant cette période ce qui peut être dangereux.
Info-éco / Quelle est la situation actuelle ?
C. L. / Nous constatons un léger redressement de l’économie en Vienne. Après, pour chaque entreprise, cela dépend fortement du lieu d’implantation, du secteur, de l’activité. Sur l’aéronautique, il y a de très fortes inquiétudes face à la fragilité des trésoreries, la baisse des chiffres d’affaires. De nombreux dirigeants (65 %) estiment que la baisse d’activité sera durable. 40 % entrevoient des difficultés d’approvisionnement et 50 % redoutent des licenciements à très court terme. Sur l’automobile, pour les constructeurs et équipementiers, la situation est comparable. Par contre, pour les établissements dans le commerce, l’entretien et la réparation, la reprise est au rendez-vous grâce notamment au plan de relance du Gouvernement. Pour l’industrie en général, la reprise est lente. La majorité des PME/TPE sont inquiètes faute de visibilité. Sur le commerce, les bilans sont très contrastés suivant la fidélité de la clientèle, l’utilisation des réseaux sociaux, la localisation … Il y a tellement de paramètres, mais le commerce ne s’en sort pas si mal. Côté tourisme, les taux d’occupation dans l’hôtellerie sont en progression avec les réservations estivales. La non-reprise de l’évènementiel, professionnel et privé, par contre reste un frein pour la reprise effective. Les inscriptions au registre du commerce et des sociétés ont rattrapé le niveau d’avant confinement. En cumulé, nous sommes au même nombre qu’en 2019. Pour l’instant, les radiations n’ont pas augmenté. Quand les aides vont s’arrêter, il faudra être vigilants. Sur l’apprentissage, nous avons eu peur avec une baisse très importante du nombre d’apprentis, jusqu’à -50 %, mais ce chiffre s’est amélioré pour aujourd’hui être en retrait seulement de 7 % par rapport à la même date en 2019. Du côté des maîtres d’apprentissage, c’est un peu plus préoccupant avec une baisse de -30 % qui s’est réduite à -15 %.
Info-éco / Sur l’accompagnement numérique avez-vous eu plus de demandes ?
C. L. / Les webinaires et les formations à distance ont bien marché, notamment sur la mise à jour du document unique. Les clés électroniques pour certifier des documents à distance ont également été plus largement utilisées. Nous avons eu une trentaine de demandes pour des diagnostics numériques avec audits et formations. C’est sûr que dans ce domaine, la prise de conscience s’est encore accentuée.
Info-éco / Comment voyez-vous les prochains mois ?
C. L. / Est-ce que le consommateur va garder les habitudes qu’il a prises pendant le confinement, notamment sur les commerces de proximité, on n’arrive pas encore à le mesurer. Pour qu’il y ait relance, le consommateur doit acheter. Sur les soldes, elles auront lieu à partir du 15 juillet. Les grandes enseignes ont fait pression pour pouvoir écouler leurs stocks, mais ce n’est pas forcément dans l’intérêt des indépendants. Après, notre travail est d’enlever la peur, car elle est néfaste. L’économie va repartir je suis optimiste, mais la question est quand, comment et avec quels moyens. L’incertitude est là, c’est difficile à entendre, mais cela ne doit pas enlever l’envie. La situation va en s’améliorant, c’est pour cela qu’il faut être optimiste, mais il ne faudra pas rater le rendez-vous de septembre, qui donnera le ton à la suite.
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