La maire de Neuville-de-Poitou et vice-présidente au Département en charge de l’aménagement numérique travaille ses dossiers avec un objectif : l’essor du territoire.
Arrivée il y a tout juste dix ans dans la Vienne, Séverine Saint-Pé a vite trouvé sa place dans le paysage politique du département. Son accent vient de Montauban, dans le Tarn-et-Garonne, là où elle est née et a passé son bac S. Elle continue à Auch, par un DUT en biologie appliquée. Elle passe par une classe prépa, puis entre à l’école supérieure d’ingénieur de Bordeaux pour trois ans et se spécialise en économie et gestion du milieu rural. En 2000, la jeune femme débute sa carrière au centre d’économie rurale du Tarn-et-Garonne, en tant que conseillère d’entreprises. « J’ai appris les bases de la comptabilité et de la fiscalité. J’accompagnais notamment les grands coopératives agricoles fruitières de la région, pour une restructuration, un agrandissement, un plan de financement. Je montais avec eux leur plan de financement et leur demande de subventions. Il fallait pousser des portes, aller voir les gens. »
Son compagnon est muté. Elle vient le rejoindre et décroche un poste au Crédit Agricole Touraine-Poitou comme expert agricole en 2007. « J’accompagnais les agriculteurs en difficulté et les projets particuliers. » En 2010, elle change de poste et devient chargée d’affaires entreprises. « L’échange avec les entrepreneurs m’a tout de suite plu. Accompagner la croissance des entreprises, parler développement international, trouver des solutions … il y a tellement de sujets différent, c’est passionnant. »
S’engager
Celle qui se définit comme « une personne normale, comme tout le monde », a rapidement cherché à en savoir plus sur son environnement après son emménagement à Neuville-de-Poitou. A l’occasion des élections municipales de 2008, elle assiste aux réunions publiques et finalement se présente. « J’ai fait partie des quatre membres de l’opposition. J’ai beaucoup appris pendant ce mandat sur le fonctionnement d’une commune. Je balayais toutes les thématiques. » En 2013, lors de la préparation aux prochaines échéances municipales, ses trois colistiers sont unanimes : c’est elle qui doit prendre la tête de liste. « ça c’est fait naturellement. J’ai constitué mon équipe en allant chercher des gens avec des compétences. Le groupe a tout de suite bien fonctionné. » Elle est élue maire de Neuville-de-Poitou en avril 2014. « Je n’ai pas plus d’idées que d’autres, mais je travaille beaucoup. Je suis franche et directe, peut-être que ce côté a plu aussi. Ma plus grande réussite est d’avoir fédéré une équipe autour de moi et pour la commune. »
Une équipe sur laquelle elle a pu s’appuyer quand en septembre 2014, elle apprend son cancer du sein. « Je répondais bien au traitement, j’étais bien entourée et les élections départementales approchaient. Je me posais beaucoup de questions sur le fait d’avoir un cancer et de partir en campagne, mais j’ai pris la décision d’y aller. » Elle se présente donc aux côtés de Benoît Prinçay et ils sont élus en mars 2015. « En septembre, je suis déclarée apte à retourner au travail, mais je décide de mettre ma carrière professionnelle entre parenthèse pour vivre cette expérience politique à plein temps. » Elle veut aussi pouvoir consacrer du temps à ses deux enfants et son compagnon. « Nous avons fait des choix et nous les assumons. Pour une femme active, le statut d’élu n’est pas adapté. Il y a une vraie réflexion à avoir sur ce sujet, mais la mission est passionnante. » Au Département, elle est vice-présidente en charge de l’aménagement numérique. « C’est un challenge, c’est dur, surtout sur les aspects purement techniques, mais je progresse. Je travaille mes dossiers et je ne laisse rien passer. Mon plaisir, il est quand à l’inauguration d’une montée en débit, je vois la satisfaction des gens à avoir le haut débit. » Avec la nouvelle communauté de communes du Haut-Poitou, elle a également pris le poste de vice-présidente en charge de la communication. « Aujourd’hui, pour moi, le plus difficile est de gérer les susceptibilités. Je vois plutôt la politique sous ses aspects techniques et c’est usant de se faire dénigrer. Comme toute mission, j’apprend en faisant. Il ne faut pas vouloir brûler les étapes, mais faire ses preuves sur le terrain et s’entourer d’une bonne équipe. »
Mathilde Wojylac