Depuis son rachat, la marque développe ses propres produits, des luminaires pour le tertiaire et les industriels, mise sur le fabriqué en France et l’éco-conception. Une équation qui lui réussit plutôt bien.
Le cadre peut surprendre. A deux pas de Montmorillon, avec comme premiers voisins des moutons, l’usine Sfel (société de fabrication et d’équipement de luminaires) s’étend sur 4 500 m2. Créée il y a 40 ans, la société était sous-traitante pour de grands groupes tels que Philips. « Peu à peu, ces grandes sociétés se sont tournées vers des pays à bas coûts, mettant Sfel en difficulté », explique Thierry Lambert, le directeur de l’établissement. En 2004, elle est alors rachetée par Guy et Bruno Charnay. C’est un tournant. Les deux hommes avaient acquis peu avant la marque GAL et décidé de la faire renaître. Il leur fallait un outil industriel pour produire. La sous-traitance est arrêtée et une marque propre développée. Les premiers produits Sfel sont nés. Cela commence par une « simple » réglette fluo, puis continue avec les tubulaires et les profilés alu. « Aujourd’hui, la société fabrique ses propres produits, ainsi que ceux pour GAL. » Vendus par des distributeurs professionnels, les luminaires Sfel équipent des écoles, hôpitaux, gymnases, maisons de retraite, magasins, usines … « La mode étant au loft, au style industriel, nous essayons de nous faire connaître, notamment avec GAL, auprès des architectes. Cette nouvelle clientèle nous permet de présenter de nouveaux produits, souligne Hélène Harris, responsable communication et marketing. Nous essayons de plus en plus de nous tourner vers de la prescription. »
Se démarquer par l’excellence
Sfel a sorti son premier catalogue il y a tout juste cinq ans et a réalisé son premier salon en 2015. « Nous voulons nous faire connaître auprès des donneurs d’ordre, des architectes, être une marque française reconnue grâce à nos produits de qualité, rajoute Thierry Lambert. Nous sommes très peu nombreux en tant que fabricants français d’éclairages. Pour produire en France, il faut être excellent et jouer sur la souplesse, le service, la réactivité, l’adaptation des produits aux besoin. Fabriquer français, cela signifie qu’il y a un service derrière. Nous pouvons nous déplacer, proposer un prototype, fabriquer une petite quantité … Voilà notre avantage par rapport à un container venu d’Asie. »
L’entreprise dispose d’un bureau d’études interne composé de quatre personnes, dont une est dédiée aux tests. La société réalise ses propres essais de luminosité, d’étanchéité, de température. « Nous pouvons ainsi garantir nos produits 5, voire 8 ans, ce qui est rare dans ce milieu. » Les luminaires sont éco-conçus, l’utilisation de chaque matière est pensée, ainsi que son recyclage. L’entreprise fait partie des membres fondateurs de Recylum (éco-organisme pour le recyclage des ampoules et lampes). Au sein de l’usine, la sensibilisation s’accentue : bacs séparés pour les déchets et leur valorisation, optimisation des découpes, peu d’emballage, tasses plutôt que gobelets … Elle accueillera également le 14 juin prochain, le 2e salon du véhicule électrique porté par le Club des entreprises du Sud-Vienne. La tendance est au luminaire intelligent. « Le secteur est en mutation. L’utilisation est différente aujourd’hui, les préoccupations en matière de développement durable rentrent en ligne de compte. » Les produits intègrent des cellules de détection, des variateurs d’intensité suivant la lumière naturelle. « Notre showroom à Pantin nous permet de présenter ses solutions nouvelles. »
En 10 ans, 5 millions d’euros ont déjà été investis. Un million supplémentaire est prévu sur les deux prochaines années. « L’objectif est d’arriver à une usine 4.0, une usine connectée. C’est utiliser des luminaires performants dans notre propre usine, mais avoir aussi des techniques de préparation de commandes, une organisation différentes. Nous essayons de tendre vers un idéal où la commande serait directe, l’organisation derrière simple et fluide. L’usine devient un show-room où le luminaire est mis en situation. L’idée est d’organiser des journées de découverte en associant le territoire, en faisant des visites du patrimoine. Nous sommes en milieu rural, mais cela n’empêche pas la modernité, la technicité. Pour cela, le plus important pour nous c’est les infrastructures, que ce soit la route (avec la RN 147) ou l’internet. »
Mathilde Wojylac