Stéphane Duval
Stéphane Duval n’est pas architecte. Arrivé à Poitiers en 1989, il travaille à la Drac pendant deux ans. Puis il devient disquaire au Mondes du disque à Poitiers : « j’ai acquis une très grande cul- ture musicale pendant cette période ». C’est ensuite l’édition qui l’appelle : il crée L’île verte dans les années 90 et Les lézards noirs en 2004, qui « se concentre sur l’avant-garde japonaise ».
L’architecture pour tous
En 2004, la Maison de l’architecture se professionnalise (elle existait sous forme associative) grâce au financement de l’Ordre des architectes. Stéphane Duval est alors recruté comme directeur : « je ne connaissais rien à l’architecture, mais cela a été un atout : j’ai voulu rendre la discipline accessible au grand public dont je fais partie, montrer que c’est un art plastique comme un autre, où le des- sin est aussi important que l’usage. » D’abord seul à la tête du projet et du développement de la MDA, il est rejoint par Pau- line Beltran, aujourd’hui responsable du service pédagogique : « nous attachons une grande importance à la découverte architecturale de la jeunesse », précise Stéphane Duval.
L’architecture, il la découvre encore : « j’apprends tous les jours. Aujourd’hui, je voyage différemment, je suis attentif à l’urbanisme qui nous entoure, au mouvement des villes ». Cela lui permet de porter un regard critique sur l’architecture actuelle : « En France, nous sommes bridés en terme d’innovation. On voit fleurir partout des zones pavillonnaires qui n’ont aucune âme ». Ce phénomène est notamment dû au fait qu’un constructeur recrute très rarement un architecte, contrairement à d’autres pays. « Avec la MDA, on essaye de sortir de l’uniformisation, de dis- tiller cette petite ouverture d’esprit à ce domaine ».
Mais l’avenir de la MDA reste incertain dans ce contexte de réforme territoriale : « Si nos interlocuteurs sont à Bordeaux, auront-nous les moyens et le temps d’aller y défendre nos intérêts ? » Stéphane Duval espère pourtant que la MDA restera à Poitiers : « Il y a une réelle attractivité à consolider. Notre atout n’est pas d’être à 2h de Bordeaux mais à 1h30 de Paris CDG ! Le tourisme architectural mérite d’être développé. Les étrangers, japonais notamment, sont nombreux à pratiquer ce type de tourisme. » Le concernant, Stéphane Duval sourit : « ce projet est une partie de ma vie, je reste largement investi, on n’abandonne pas le navire quand il chavire ».
Laura Dulieu